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Pêche de la truite au toc en montagne
” Une vie de pêcheur de truite, c’est combien de mois de juin ? ” Cette phrase sortie de la bouche d’Olivier Plasseraud il y a quelques années, alors qu’il évoquait ce rendez vous saisonnier incontournable, résonne souvent dans ma tête en début d’été.
La question mérite d’être posée. Tant nous sommes tous dans l’obligation de composer avec des éléments de la vie courante. En effet, ils ont la fâcheuse tendance à limiter notre temps de pêche effectif . Bien que tout un chacun possède malgré tout, quoiqu’on en dise, un pouvoir décisionnel réel afin de les marginaliser, ce à quoi je m’emploie sans relâche.
Les causes de cette période “bénie”
Nous avons tous de bonnes raisons de déserter les berges à certains moments de la saison. Toutefois, je les trouve subitement frivoles dès qu’une conjoncture favorable se dessine. C’est le cas en juin pour la pêche de la truite au toc en montagne:
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Plutôt qu’une désignation temporelle figée. L’expression “fin de la fonte des neiges” semble plus adaptée à la réalité écologique du propos.
En effet, nous traitons ici de cette fameuse période transitoire entre les eaux grises et hautes du printemps et le mince flux limpide de l’étiage estival. Elle survient généralement courant juin sous nos latitudes. Durant ce créneau (dont la durée varie de quelques jours à quelques semaines suivant le stock de neige initial et l’évolution de la météo après les premières chaleurs déclencheuses de la fonte), les niveaux sont tendus mais sur la baisse, la température remonte progressivement vers la sacro-sainte douzaine de degrés et la turbidité de l’eau se retrouve plus en conformité avec le mode de chasse de la truite.
Ces dernières se montrent plus vaillantes qu’en Mars et moins tatillonnes qu’en Août. Leurs phases d’alimentation sont longues, intenses et leur régime assez peu discriminant. De par la prédominance d’un couple vitesse/profondeur important, les poissons sont encore assez localisés sur les bordures, la lecture d’eau et la stratégie de pêche deviennent alors limpides. De plus, la concurrence est curieusement faible à cette période, les assommeurs d’arc en ciel post ouverture ayant terminé leur besogne et les juillestistes n’étant pas encore là. Juin a tout pour plaire.
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En début de période, il conviendra de sélectionner les sections assez élargies, compatibles avec les forts niveaux.
Avant de se diriger progressivement vers les portions plus pentues à mesure que le débit diminue (de façon à prospecter chaque secteur en présence du couple vitesse/profondeur idéal qui lui sied). Connaître une rivière à truites n’est pas seulement une affaire de technique porteuse. Ni même de comportement singulier des poissons comme on l’entend souvent. C’est aussi et surtout intégrer précisément l’évolution de la topographie le long du gradient amont/aval (y compris les micro-tronçons singuliers souvent névralgiques).
Une période “bénie” raccourcie en 2015
En 2015 dans les Alpes du Sud, cette période bénie fut brève, relativement à celles des deux dernières années. De façon générale, plus les eaux grises se maintiennent longtemps, plus l’activité des truites à l’éclaircissement est importante et durable. Les hivers sans neige font aussi notre désarroi. Quelques photos d’ambiance :
Pas besoin de jouer au plus fin
Pour le pêcheur au toc, l’heure n’est pas encore aux lignes ténues du mois d’août. Aussi toute finasserie est inutile, voir une erreur face à des truites vigoureuses dans des courants importants. Un bon 14/100 en bas de ligne pour minimum. En rivière moyenne, il est souvent nécessaire de faire traverser la lame centrale violente aux poissons piqués sur la berge opposée.
Ainsi, une bonne réserve de puissance sur le bas du blank de canne évite de se faire balader par tout poisson de taille décente. L’Extrême Trout 3.50m est parfaite pour les pêches amont à cette période (elle offre un bras de levier suffisant pour pêcher creux dans les postes restreints à 7/8m, tout en étant très confortable).
Au niveau des appâts aussi, il est bon d’adapter leur nature et leur taille à la prédation du moment. Les vers de taille moyenne ont souvent les faveurs des truites quand l’eau est encore mâchée. Puis ils seront relayés par des esches plus petites à mesure que l’étiage s’installe. L’abondance de trichoptères dans les rivières que je fréquente facilite considérablement le choix :
A bientôt
Simon SCODAVOLPE
J’aime la pêche de la truite dans les Cévennes. J’affectionne particulièrement le versant méditerranéen de ce massif, où le chant des cigales et une délicieuse odeur de pin vous accompagnent lors de vos pérégrinations halieutiques.
Dans ce coin de la France, les truites sont de taille modeste (substrat granitique oblige) mais rustiques et en bon nombre (surtout depuis 5 ans qu’une conjoncture climatique favorable s’est installée). Les eaux souvent basses produites par l’influence climatique méridionale induisent une pêche fine très plaisante.
La qualité des poissons qu’on y trouve n’est pas tant due à une gestion exemplaire des APP du coin qu’aux pressions naturelles sévères qui se chargent d’exterminer tout individu non génétiquement adapté (entre les étiages extrêmes durant lesquels les rivières se transforment en une succession de flaques d’eau chaudes et les crues automnales pour le moins décapantes, on ne peut pas dire que la Nature ménage ses hôtes dans cette région).
Le bassin versant en question comporte plusieurs rivières à truites de petit calibre, et qui correspondent assez bien à ce qu’on pourrait appeler des « coins moyens ». Dotés de caractéristiques intrinsèques assez banales, d’une productivité loin d’être faramineuse, mais suffisamment peu fréquentés pour conserver une qualité de pêche correcte, tout au moins suffisante pour moi.
Pas de planification stratégique pour cette ouverture de la pêche de la truite dans les Cévennes
L’ouverture constitue l’unique sortie de l’année qui ne soit pas planifiée selon des paramètres stratégiques.
Débuter la saison dans les Cévennes est plutôt devenu un rituel annuel qui coïncide avec une visite familiale dans le Gard.
Depuis 3 ans, je rencontrais des conditions en mars quasi parfaites; des niveaux tendus juste-comme-il-faut et une température d’eau favorable autour des 10°C.
Cette année, la donne s’annonçait toute autre. Dès la mi-février, l’omniprésence de l’anticyclone laissait présager des niveaux bas, voire très bas, malgré ce que mes informateurs locaux (aveuglément optimistes) m’affirmaient.
… et dans cette région (comme dans pas mal d’autres), eaux basses = truitelles. Ma conscience m’interdisant d’esquiver ce rendez-vous pour d’autres contrées plus favorables, j’allais donc subir les aléas climatiques, ce qui ne manqua pas de me rappeler une règle empirique immuable : une partie de pêche réussie ne se prévoit pas à l’avance.
Maigre, ça l’était. « On s’croirait au mois d’août »
Les eaux très basses des cours d’eaux Cévenols en cette ouverture 2015 de la truite
Comparativement à la belle saison, une situation encore pire dans la mesure où les petites ruptures de pente agitées qui concentrent alors les truites restèrent désespérément vides dans cette eau à 7°C.
La pêche n’eut donc rien de passionnant et je vous ferai grâce de toute tentative de décryptage puisque je n’ai pas rencontré l’ombre d’une piste à suivre pour en améliorer le résultat (existait-elle seulement ? mieux vaut penser que oui !).
Un échantillon des poissons du week-end :
Dès mon retour dans les Hautes-Alpes, je retrouvais des rivières en ordre délaissées le temps d’un week-end. Elles allaient rapidement me faire oublier cette entrée en matière morose… à suivre !
Simon SCODAVOLPE
* Robert Louis Stevenson, est un grand écrivain écossais célèbre notamment pour son roman “L’Île au trésor”. Il effectua la traversée des Cévennes à pied et en fit le récit dans “Voyage avec un âne dans les Cévennes”. Un chemin de randonnée le gr70 porte aujourd’hui son nom.
Choisir son appât pour la pêche au toc de la truite. Être en adéquation avec le régime alimentaire des truites constitue l’essence même des techniques qui misent sur le stimulus alimentaire.
La pêche au toc, qui consiste à faire dériver dans le courant une proie appartenant (ou ressemblant) à l’offre naturelle du moment, en est la parfaite illustration. Un choix hasardeux peut anéantir tous les autres stratagèmes techniques ou tactiques mis en œuvre pour duper nos partenaires. La situation extrême où il vous prive de la moindre touche, alors que votre collègue plus clairvoyant enchaîne les prises à côté de vous (ou pire, derrière vous), n’est pas un mythe, surtout lorsque les farios se montrent sélectives à l’étiage (les gens oublient alors subitement leur vertu de générosité dans ces cas-là !). Pour éviter d’en arriver là, voici les deux paramètres principaux à considérer :
1. La nature de l’appât pour la pêche au toc de la truite :
Pour piocher dans la bonne catégorie (larve, ver, insecte terrestre), il est bon de considérer le degré de sélectivité des truites, corrélé à la période de l’année.
En montagne, la saison peut être divisée en 4 périodes :
- De l’ouverture jusqu’à la fonte des neiges : Au sortir de l’hiver, la truite affaiblie et casanière se déplace peu. Seule des bouchées conséquentes éveillent son intérêt : les esches caloriques sont les plus adaptées. Je reste très classique à ce moment : teigne et vers conviennent dans l’immense majorité des cas (les poissons considérant d’avantage l’apport énergétique que la nature même de l’offre).
- La fin de la période de fonte des neiges : le régime alimentaire des poissons change peu à ce moment-là, mais la baisse progressive des niveaux couplée à l’éclaircissement des eaux doit conduire à diminuer la taille des appâts (voir deuxième point).
- L’étiage : dès que les eaux deviennent maigres et relativement chaudes (pour une fario, cela signifie plus de 13/14°C), les périodes de frénésies alimentaires sans sélectivité se raréfient (je rappelle que la majeure partie de la croissance des truites se fait au printemps et non en été !). Le régime des poissons se spécifie et s’oriente alors vers des proies miniatures (la manne de nourriture présente à cette période les rend plus discriminants), essentiellement des insectes, terrestres ou à l’état de larve.
- La fin de saison : une modification de la prédation peut survenir à l’approche de la fermeture si la température de l’eau repart à la baisse de façon significative, sous l’impulsion d’une atmosphère rafraîchie par des nuits plus longues et plus froides à partir du 15 aout. Les classiques vers et teignes retrouvent alors le devant de la scène (on peut imaginer que ce refroidissement est perçu par la truite comme un signe avant-coureur de l’hiver). C’est loin d’être le cas tous les ans, les poissons restant souvent assez sélectifs (les esches estivales font alors toujours l’actualité), surtout depuis quelques années où l’été indien survient en septembre.
Autres paramètres à prendre en compte pour le choix de votre appât pour la pêche au toc de la truite.
Au-delà de ces quelques règles empiriques, je pense qu’il existe des paramètres que nous ne maîtrisons pas vraiment (pour ma part en tout cas !), qui conduisent les truites à consommer préférentiellement certaines esches, tel jour à telle heure, sans raison réellement palpable (peut-être une question de teinte, ou d’allure ?).
C’est notamment le cas en début d’été, alors qu’une multitude d’appâts est valable sur le papier (petits vers, teigne, porte-bois…etc.), des différences parfois notables peuvent survenir, sans qu’il soit possible de les corréler au moment de la journée, ou à des conditions hydrologiques particulières.
Ne sachant pas véritablement décrypter ce phénomène (mais ne croyant pas pour autant au fruit du hasard !), je me contente de varier le menu en alternant les diverses bêtes dont je dispose. En général, 2 ou 3 appâts choisis selon les paramètres de ce paragraphe.
2. La taille de l’appât :
Au-delà de la nature de l’esche qui orne votre hameçon, il est bon de considérer sa taille.
Elle doit être en adéquation avec le volume de la masse d’eau, ainsi que sa teinte.
En début de saison par exemple, le ver de terreau fait partie des esches classiques.
- Si un gros vers dodu (attention tout est relatif, pour une truite sauvage, cela signifie environ 7/8 cm) est un choix judicieux par niveau fort ou en période de crues, des eaux basses et claires comme on en rencontre parfois en mars (lorsqu’un froid sec sévit depuis plusieurs semaines) doivent conduire à une réduction de sa taille (un petit terreau de 4/5 cm est mieux adapté).
- Cette logique se retrouve aussi pour la teigne, disponible en multiples variétés dans le commerce, contrairement aux larves d’insectes qui, par leur nature, sont toujours minuscules et donc assez réservées à une utilisation estivale (nous y reviendrons tout au long de la saison dans diverses illustrations).
L’inadéquation avec la prédation du moment peut transfigurer le résultat d’une partie de pêche. Sans aller jusqu’à une absence totale de captures, elle peut se matérialiser par une qualité de touches médiocre (des grimaces comme on dit dans le jargon) qui doit induire une remise en question d’ordre technique.
Si une conduite de ligne approximative peut produire un effet similaire, nous devons évoquer en premier lieu l’hypothèse du mesurage de l’appât. D’autant qu’un tour de main suffit à la vérifier… au moins pour le pêcheur prévoyant a qui pris ses précautions !
Simon SCODAVOLPE