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Alpes du Sud

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Retour sur un coup du soir au toc de septembre :

Il est 17h30 quand je débute le coup du soir au toc, ce soir là. En cette mi-septembre, les conditions hydrologiques étaient, jusqu’à la nuit dernière,  de saison. Des eaux claires, basses et relativement froides (nous sommes repassés en dessous des 10°C en montagne suite au sérieux rafraîchissement des nuits depuis la mi-août). Toutefois, de récentes précipitations ont provoqué une montée des eaux brutale et en cette fin de journée, les niveaux sont sur la baisse mais encore forts. Les cours d’eau du bassin versant sont teintés. Considérant que la turbidité nuit vraiment à la lecture d’eau, je choisis le cours d’eau du BV qui s’éclaircit le plus vite. La teinte de l’eau y est plus gris ardoise, et non marron comme sur certains de ses voisins.

Le succès d’une partie pêche lors d’un crue est avant tout une affaire de timing, car suivant la saison, la durée de présence d’eau turbide et l’inertie du coup d’eau (principalement conditionné par la nature du sol et la saison), les poissons s’alimentent plus ou moins longtemps. Le meilleur moment selon moi, est la décrue. En effet, si une activité importante est possible à la montée, elle est souvent de courte durée, les conditions de chasse se dégradant rapidement à mesure que la turbidité augmente. La pêche n’est pas extraordinaire lorsque les eaux charrient et devient bien meilleure lorsqu’elles commencent à s’éclaircir. De plus, le timing est parfois dur à prévoir dans la mesure où les poissons s’alimentent de façon plus ou moins longue à la décrue, et il est possible d’arriver après la bataille…

Retour au bord de l’eau

Arrivé sur les lieux, je constate que le niveau est fort comme prévu, mais la teinte tout à fait compatible avec une pêche au toc assez classique, au ver. La pente est relativement importante sur ce torrent de montagne. Je choisis donc un secteur d’ordinaire assez assagi et homogène de façon à bénéficier de nombreux coups porteurs dans les eaux fortes.

Je débute la pêche en testant, comme à mon habitude, un maximum de postes différents, tant en termes de profondeur, de vitesse de courant que de distance aux caches, afin de dégager une éventuelle tendance et donc un moyen d’optimiser la prospection en se focalisant sur la configuration porteuse.

Un début délicat pour ce coup du soir au toc

La rivière semblent vide durant plus de demi-heure, les petits radiers maigres en bordure (souvent plébiscités par des poissons en chasse dans l’eau teintée) ne rapportent rien, tout comme les coups marqués près des caches, aussi alléchants soient-ils :

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J’arrive alors sur une lame marquée de profondeur moyenne, balayée d’un courant parfaitement laminaire sans turbulence. Le substrat hétérogène laisse supposer la présence de nombreux amortis près du fond. Donc il représentent autant de postes de chasses potentiels, en tête et sur la bordure opposée, assez loin.

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Effectivement, je prends rapidement une touche que je manque, puis un premier joli poisson se rend :

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Une truitelle touchée au coup de ligne suivant m’encourage à serrer la prospection. Je multiplie les passages entre les blocs proéminents immergés. Ce sont finalement 4 truites maillées qui se rendent sur cette portion de 15m, en l’espace d’une quart d’heure.

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Je poursuis ma progression et retrouve une configuration plus classique en amont. Je la saute allègrement canne en main. Quelques coups de ligne par acquis de conscience sur les postes les plus prometteurs. Ils resteront tous vains :

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Je ne connais pas le haut du secteur et remonte donc canne en main. En  m’arrêtant de moins en moins souvent car mes tentatives avortées me persuadent que le salut passe par la recherche de l’unique configuration qui m’a rapporté quelques poissons. Une lame marquée, de profondeur faible à moyenne (moins du mètre) qui tire droit et sans turbulence.

Après une demi- heure, ça change…

Après une grosse demi-heure d’avancée stérile, un nouveau coup similaire se profile :

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Je serre d’entrée de jeu en lignant dès la fin du pool de façon à peigner toute la zone, par coups de ligne parallèles. Les poissons répondent aussitôt présents et 4 truites supplémentaires rentrent, dont une dernière bien nerveuse :

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Au final, 8 poissons en 1h30

Plus de 1km de rivière parcouru et des touches sur moins de 100m. Un coup du soir au toc réussi. Un tel coup du soir illustre parfaitement l’importance de la stratégie, surtout avec un temps de pêche limité.

Malgré l’omniprésence de la technique dans les considérations de nombreux pratiquants (notamment la sacro sainte plombée), la façon de construire sa partie de pêche demeure le principal facteur de réussite. Ce soir là, un simplissime « 4 plombs de 6 » ont amplement suffi à présenter l’appât de façon naturelle. En effet, l’important était ailleurs !

A bientôt

Simon SCODAVOLPE

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Pêche de la truite au toc en montagne

” Une vie de pêcheur de truite, c’est combien de mois de juin ? ” Cette phrase sortie de la bouche d’Olivier Plasseraud il y a quelques années, alors qu’il évoquait  ce rendez vous saisonnier incontournable, résonne souvent dans ma tête en début d’été.

La question mérite d’être posée. Tant nous sommes tous dans l’obligation de composer avec des éléments de la vie courante. En effet, ils ont la fâcheuse tendance à limiter notre temps de pêche effectif . Bien que tout un chacun possède malgré tout, quoiqu’on en dise, un pouvoir décisionnel réel afin de les marginaliser, ce à quoi je m’emploie sans relâche.

Les causes de cette période “bénie”

Nous avons tous de bonnes raisons de déserter les berges à certains moments de la saison. Toutefois, je les trouve subitement frivoles dès qu’une conjoncture favorable se dessine. C’est le cas en juin pour la pêche de la truite au toc en montagne:

  • Plutôt qu’une désignation temporelle figée. L’expression “fin de la fonte des neiges” semble plus adaptée à la réalité écologique du propos.

En effet, nous traitons ici de cette fameuse période transitoire entre les eaux grises et hautes du printemps et le mince flux limpide de l’étiage estival. Elle survient généralement courant juin sous nos latitudes. Durant ce créneau (dont la durée varie de quelques jours à quelques semaines suivant le stock de neige initial et l’évolution de la météo après les premières chaleurs déclencheuses de la fonte), les niveaux sont tendus mais sur la baisse, la température remonte progressivement vers la sacro-sainte douzaine de degrés et la turbidité de l’eau se retrouve plus en conformité avec le mode de chasse de la truite.

Ces dernières se montrent plus vaillantes qu’en Mars et moins tatillonnes qu’en Août. Leurs phases d’alimentation sont longues, intenses et leur régime assez peu discriminant. De par la prédominance d’un couple vitesse/profondeur important, les poissons sont encore assez localisés sur les bordures, la lecture d’eau et la stratégie de pêche deviennent alors limpides. De plus, la concurrence est curieusement faible à cette période, les assommeurs d’arc en ciel post ouverture ayant terminé leur besogne et les juillestistes n’étant pas encore là. Juin a tout pour plaire.

  • En début de période, il conviendra de sélectionner les sections assez élargies, compatibles avec les forts niveaux.

Avant de se diriger progressivement vers les portions plus pentues à mesure que le débit diminue (de façon à prospecter chaque secteur en présence du couple vitesse/profondeur idéal qui lui sied). Connaître une rivière à truites n’est pas seulement une affaire de technique porteuse. Ni même de comportement singulier des poissons comme on l’entend souvent. C’est aussi et surtout intégrer précisément l’évolution de la topographie le long du gradient amont/aval (y compris les micro-tronçons singuliers souvent névralgiques).

Une période “bénie” raccourcie en 2015

En 2015 dans les Alpes du Sud, cette période bénie fut brève, relativement à celles des deux dernières années. De façon générale, plus les eaux grises se maintiennent longtemps, plus l’activité des truites à l’éclaircissement est importante et durable. Les hivers sans neige font aussi notre désarroi. Quelques photos d’ambiance :
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Pas besoin de jouer au plus fin

Pour le pêcheur au toc, l’heure n’est pas encore aux lignes ténues du mois d’août. Aussi toute finasserie est inutile, voir une erreur face à des truites vigoureuses dans des courants importants. Un bon 14/100 en bas de ligne pour minimum. En rivière moyenne, il est souvent nécessaire de faire traverser la lame centrale violente aux poissons piqués sur la berge opposée.

Ainsi, une bonne réserve de puissance sur le bas du blank de canne évite de se faire balader par tout poisson de taille décente. L’Extrême Trout 3.50m est parfaite pour les pêches amont à cette période (elle offre un bras de levier suffisant pour pêcher creux dans les postes restreints à 7/8m, tout en étant très confortable).

Au niveau des appâts aussi, il est bon d’adapter leur nature et leur taille à la prédation du moment. Les vers de taille moyenne ont souvent les faveurs des truites quand l’eau est encore mâchée. Puis ils seront relayés par des esches plus petites à mesure que l’étiage s’installe. L’abondance de trichoptères dans les rivières que je fréquente facilite considérablement le choix :

A bientôt

Simon SCODAVOLPE

Où pêche- t- on la truite en début de saison? Début mars, selon le calendrier officiel, c’est encore l’hiver. Si notre enthousiasme tend à nous le faire oublier, les truites ne sont pas très hardies à cette période de l’année.

La pêche de la truite en début de saison

Maigres, affaiblies par leur période de reproduction, elles sont encore relativement cantonnées aux abords des caches (tout excès d’embonpoint chez un poisson capturé à cette époque en montagne ne laisse pas de doute sur son origine). De cet état de fait découle toute la stratégie de pêche du début de saison. Réussir en mars, c’est faire abstraction des souvenirs de la fermeture passée, moment où les poissons chassaient allègrement devant les pierres. L’hiver est passé, la donne a changé.

Dans l’immense majorité des cas, la neige tient encore aux sommets, l’eau est froide, basse et claire.  Les  truites n’ont pas encore rejoint les zones tumultueuses et les radiers maigres ; les postes du milieu du cours d’eau (aussi alléchants soient-ils) sont inoccupés pour la plupart. Les touches surviennent principalement sur les bordures encombrées avec un courant amorti.

Un tableau général mais des exceptions

Si ce tableau classique dépeint les rivières de montagne au mois de mars, les exceptions se multiplient depuis quelques années. Dans un contexte global de dérèglement climatique, les conditions rencontrées au bord de l’eau sont de plus en plus difficiles à prévoir.  Les derniers hivers ont été marqués par une succession de coups de froid et de périodes douces et humides plus ou moins longues, faisant varier du tout au tout les conditions hydrologiques des cours d’eau. S’il faut composer avec ces aléas climatiques toute l’année, c’est bien en début de saison, lorsque la neige recouvre les sommets, que leurs répercussions sont les plus marquées.

Ainsi, définir le lieu de l’ouverture plusieurs semaines à l’avance expose à de grosses désillusions en terme de résultats. Si cette occasion est plus prétexte à vivre un week-end bien arrosé (pas seulement  par le ciel) entre copains, la météo ne revêt une importance que sommaire. Par contre, si vous abordez (déjà !) le premier jour de la saison avec une logique de réflexion et d’optimisation, vous risquez d’être sacrément déçus… Pour les  acharnés de la planification, il faudra donc très certainement déroger à cette ligne de conduite (ayant horreur de la chose, je me délecte de prêcher pour ma paroisse à cette occasion). Voici quelques clés pour faire les bons choix :

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Une truite sauvage typique du début de saison : maigre, avec une grosse tête.

Comment choisir le cours d’eau ?

Les cours d’eau à truites peuvent être séparés en deux grands types, auxquels correspondent deux situations météorologiques optimales :

Partir sur les cours d’eau de régime pluvial : de la douceur !

Les cours d’eau de régime pluvial désignent les rivières non influencées par la fonte des neiges, c’est-à-dire celles provenant de sources ou de résurgences. Leur température est étroitement dépendante de celle de l’air ambiant puisque l’effet tampon du manteau neigeux ne les touche pas. Plus que la température du jour J, il est important de considérer son évolution au cours de la période précédant la date fatidique. Lorsque la masse d’eau est faible et les sources à proximité, tout peut changer rapidement. Plusieurs cas de figure peuvent survenir :

Si la température de l’eau décroît, s’éloignant par la même de l’optimal thermique de notre salmonidé (autour de 12°C), la pêche s’annonce compliquée. La pire situation serait un coup de froid brutal qui viendrait mettre un terme à une météo douce établie depuis plusieurs semaines.  La truite aimant la stabilité (nous aurons l’occasion d’y revenir prochainement dans un article dédié aux paramètres qui influencent son humeur), un changement météorologique brusque accompagné d’une évolution thermique défavorable leur ferment fréquemment la gueule.  Un temps froid et stable installé depuis longtemps, bien que loin d’être la panacée, est moins néfaste.

Le temps précédant la semaine fatidique

Au contraire, si comme en 2013 et 2014 sur le pourtour méditerranéen (notamment dans le Minervois et les Cévennes), un temps doux, qu’il soit sec ou légèrement humide, fait son apparition une semaine avant et induit une hausse de la température de l’eau aux alentours de 10°C, vous pouvez partir confiant ! Lorsque cette douceur est couplée à de fortes précipitations et une montée des niveaux, de bonnes chances de réussite subsistent, notamment au toc. Toutefois, si comme moi, vous rechignez vraiment à pêcher la truite dans l’eau forte et teintée, mieux vaut quitter la plaine et se rapprocher des sommets :

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Météo printanière dès l’ouverture 2014 dans les Cévennes, ici sur un cours d’eau provenant de sources… 

Les cours d’eau de régime nival : du froid, et du soleil !

 

Ces cours d’eau sont alimentés par la fonte des neiges. Quelque soit la tendance au niveau du ciel en cette fin d’hiver, vous y trouverez de l’eau froide, voire glaciale (moins de 5°C). Les meilleures conditions que l’on puisse espérer émanent d’une météo anticyclonique, froide et sèche ; l’idéal étant une gelée matinale suivie d’un relatif radoucissement en cours de journée, avec un soleil suffisamment chaud pour taper un peu sur les blocs en bordure et réchauffer l’ambiance sous l’eau, mais sans excès pour ne pas déclencher la fonte du manteau neigeux. Ces conditions idylliques nous ont gratifiés d’un mois de mars excellent en 2014 dans les Alpes du Sud !

Attention à la fonte

Au contraire, si par malchance, un redoux marqué (qu’il soit sec ou humide), déclenche une fonte inopinée, mieux vaut cibler les cours d’eau du paragraphe précédent ou (si vous vous situez dans une vallée de montagne) monter assez haut en altitude, afin de trouver une teinte moins rebutante (plutôt vert bouteille que marron) et des petits milieux dans lesquels les truites s’accommodent mieux de ces conditions particulières : par exemple, lors de l’ouverture 2014 dans les Pyrénées Centrales, une chaleur précoce  a déclenché la fonte en journée ; ceux qui se sont rabattus sur les torrents de montagne ont quand même tiré leur épingle du jeu !

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L’Ubayette (04) en mars 2014 : des conditions optimales sous un timide soleil provençal…

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… avec de belles farios à la clé !

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Lorsque la neige tient au sol en altitude, les conditions sont souvent favorables en grands cours d’eau…

 Quels types de portions pour la pêche de la truite en début de saison ?

Nous y voilà, vous savez désormais quelle rivière sera le théâtre de votre ouverture. A ce moment là, les réflexions doivent se poursuivent sur le choix du parcours :

Le jargon halieutique mélange parfois « bonnes rivières » et « bons coins ». Cette différence d’échelle anodine sur le papier ne doit pas occulter le fait que toutes les portions d’un même cours d’eau, aussi renommé soit-il, ne se valent pas ! Tout peut changer à quelques centaines de mètres près. Le long d’une rivière, se succèdent des tronçons différents en termes de pente et de largeur ; chacun d’eux possède un « moment chaud », c’est-à-dire une période de l’année qui coïncide avec un niveau idéal et une configuration adaptée au comportement des poissons durant ladite époque.
Des problématiques différentes suivant les régions

Avant tout chose, précisons que les problématiques  changent selon que l’on considère les chalk-stream bretons, le chevelu du plateau de Millevaches ou les torrents pyrénéens par exemple, tant ces biotopes sont aux antipodes ! Dans un souci de simplification, nous nous en tiendrons aux cours d’eau à truites majoritaires dans l’hexagone : les rivières caillouteuses de montagne. Ces milieux présentent généralement une pente relativement importante (induisant un courant et des turbulences marqués) et une largeur fluctuante, croissante en descendant vers l’aval, mais également variable par tranches de quelques dizaines de mètres, tout au long de son cours.

Dans l’eau froide du début de saison, tout excès de turbulence et de vitesse de courant d’un secteur réduit considérablement le nombre de coups favorables. Il conviendra donc de rechercher les zones les moins pentues et/ou les plus élargies du cours d’eau considéré. Plus à même de contenir les courants laminaires et lents appréciés par les truites à cette époque.

Conseils pratiques

Attention, cela ne signifie pas systématiquement fouiner vers l’aval, au contraire : un replat de quelques dizaines de mètres sur le cours amont d’un torrent cascadeur concentre les poissons engourdis du mois de mars et se révèle bien plus porteur que la même topographie uniformément reproduite dans le bas de la vallée ! La nature de ce qui l’entoure conditionne la valeur d’une zone (de la même façon en été, les micro-ruptures de pente dans parties avals qui chauffent sont des aimants à truites).

Dans le cas où vous découvrez les lieux (situation déconseillée, sauf si vous avez le goût du risque !), votre salut passe par une étude attentive des courbes de niveau de la carte IGN au 1/25 000 (nous en reparlerons également). Attention, la préférence que vous accordez aux secteurs lents ne doit pas vous conduire dans des portions trop uniformes qui manquent souvent de caches et donc de densité de truites. J’insiste particulièrement sur ce point : à l’ouverture, il faut parvenir à trouver le bon compromis entre abondance de caches et pente modérée, ce qui n’est pas toujours évident (ces deux paramètres variant naturellement de façon inverse).

Illustration du propos

Voici les clichés de deux secteurs différents de la même rivière pris à quelques centaines de mètres de distance, afin d’illustrer le propos :

PÊCHE TRUITE OUVERTURE.toc.début de saisoonCette portion pentue et rapide, bien qu’attractive par son nombre de caches, est trop agitée pour un mois de mars…

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… au contraire de celle-ci, plus profonde et plus lente car plus élargie, privilégiée par les farios à cette saison !

Au-delà de l’adéquation avec la tenue des poissons, le parcours choisi doit permettre de vous isoler au maximum des autres pratiquants. Sauf si vous supportiez mieux que moi la cohabitation au bord de l’eau !

Eviter les “confrères”

Pour éviter de tomber sur un confrère évoluant au dessus de vous, un peu de méthode s’impose. Privilégiez les secteurs boisés, inaccessibles sur plusieurs kilomètres en amont de votre point de départ (l’action de pêche se faisant en remontant). Passez la carte au crible pour dénicher les micro-portions où la rivière s’éloigne de la route, nécessitant quelques minutes d’approche pédestre décourageante pour les moins motivés. Prenez le contre-pied des autres pêcheurs  dans leur façon d’aborder les parcours : la majorité débutant machinalement vers l’amont à partir du pont où ils se garent, descendez plutôt la rivière à pied sur quelques centaines de mètres pour ensuite pêcher en remontant l’aval immédiat du pont, souvent délaissé !

Quels types de postes ?

Le choix des postes conditionne la réussite de toute partie de pêche (voir l’article « truite au toc : comment définir une stratégie de prospection ? »). A ce moment de l’année (lorsque la température de l’eau est inférieure à 7/8 degrés), il est d’autant plus important de sélectionner les coups que les truites ne sont pas encore dispersées comme en été, un grand nombre d’entre eux reste vacant. De fait, rares sont ceux qui possèdent les qualités requises. Les meilleurs se situent en bordure, animés d’un courant laminaire d’intensité modérée, à proximité de zones de repos et généralement assez profonds.

Pour autant, ne négligez pas les minces radiers au bord (là où la plupart des gens mettent les pieds) si un soleil printanier y déverse ses rayons : les truites quittent alors fréquemment les zones profondes pour s’y poster. Comparativement à la période post-fonte des neiges, vous aborderez un nombre moins important de coups. Les portions favorables méritent d’autant plus d’application et l’insistance paye en présence d’une eau très froide.

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Un poste typique de début de saison : une veine molle d’un bon mètre de profondeur, accolée à une belle cache !

Comme évoqué dans le paragraphe précédent, il faut également tenir compte de la sur-fréquentation des berges. Passé le coup du matin durant lequel on peut espérer évoluer en terrain vierge (à condition d’avoir pris ses précautions !), vous avez intérêt ensuite à cibler les postes où subsistent quelques chances de capture après le passage de plusieurs confrères. Ils sont de deux types :

Les coups vastes et peu marqués

Comme leur nom l’indique, ils nécessitent un grand nombre de coups de ligne pour une prospection efficace. Peu inspirants pour un pêcheur trop pressé, happé par la course effrénée dans laquelle il ne faut pas tomber. Personnellement, l’ouverture est l’un des rares jours de l’année où je m’astreins à prospecter ce type de poste (mon goût naturel me guidant plutôt vers ceux où les truites sont plus facilement localisables et donc moins laborieux à appréhender). Ainsi, plutôt que de perdre du temps à multiplier les tentatives sur les coups marqués et rebattus. (Ceux où les poissons  déjà pris ou effrayés). Peigner les zones vastes peut s’avérer intéressant. En plus, c’est le moment de la saison où elles sont le plus porteuses !

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Dans les coups vastes, les truites s’accommodent mieux de la pression de pêche.

Les postes difficiles d’accès 

Quand il y a beaucoup de concurrence, appliquez-vous à faire ce que vos confrères ne font pas (ou mal). Pêchez les bordures éloignées et encombrées, qui nécessitent des lancers précis et une tenue de canne irréprochable pour passer creux. Recherchez les coups tordus, discrets, sous les branches basses et abandonner au contraire les postes évidents et accessibles si vous vous sentez précédé !

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Un coup difficile à aborder techniquement, souvent salutaire le samedi après-midi pour celui qui parvient à y lancer sa ligne !

Si ces quelques pistes d’ordre stratégique pourront, je l’espère, vous aiguiller vers une destination attractive, il faudra également piocher la bonne canne dans votre fagot ! A moins d’être d’un pêcheur exclusif (ce qui n’est pas forcément judicieux en début de saison où l’adaptabilité est un critère important de réussite), le panel de techniques qui s’offrent à vous impose des choix… Nous verrons ce qui les dicte dans un prochain article !

A bientôt

Simon SCODAVOLPE

Fermeture de la pêche de la truite au toc. FIN DE SAISON DANS LES ALPES DU SUD

Acte 2 : 05, plus froid et généreux.

Après un mois d’août chaud et sec, les conditions ne changent pas radicalement en septembre. Le soleil reste de la partie. Toutefois, à la faveur de nuits de plus en plus longues, la température de l’eau tend à baisser tout au long du mois, pour descendre en dessous des 10°C à l’approche de la fermeture (le 5 octobre dans les Hautes Alpes). Cette perte d’une poignée de degrés est classiquement corrélée à un regain d’activité des salmonidés, 2014 n’aura pas dérogé à la règle.

Plus qu’au niveau quantitatif, c’est qualitativement que le changement est remarquable : les poissons acceptent désormais de se saisir de proies de taille standard et sont capturables au toc avec des appâts classiques (nous avons invariablement utilisé des petites teignes « Appâts Michel » eschées sur des hameçons Gamakatsu 1040R n° 10).

Coline a peu pêché depuis fin juillet. Elle met fin à sa disette halieutique par un gueuleton queyrassien, le temps d’une après midi en solitaire sur le Guil :

 

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Coups du soir pour les deux dernières semaines

Les deux dernières semaines seront marquées par une série de coups du soir, près de la maison, sur les cours d’eau du Briançonnais autour de 1400 m d’altitude (Durance, Clarée et Cerveyrette). La taille moyenne des prises n’a rien à voir avec celle des semaines précédentes, et nous avons la chance de toucher une bonne proportion de truites entre 35 et 40 cm. Vu l’altitude, nous sommes comblés.

Nous avons utilisé les cannes Extreme Trout AN en 3,20 ou 3,50m, selon la largeur du secteur, couplées au moulinet ATR-65.  Quelques photos reflétant l’ambiance automnale dans les Hautes Alpes :

 

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Truites de la Clarée

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Fermeture de la pêche de la truite au toc aux appâts naturels. Méditerranéenne de la Durance amont

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Fario de la Guisane

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L’après- midi de la fermeture de la pêche de la truite au toc

Le dimanche après-midi de la fermeture, la saison s’achève en apothéose sur les bords de la Cerveyrette. Les truites se mettent à table durant deux bonnes heures, mettant la rivière en ébullition. Des poissons de taille honorable, attablés devant les pierres, dans un état d’appétence exceptionnel, autorisant même la pêche à vue. Etant un assidu du parcours, je m’étonne de voir de si beaux individus. Aucune de mes sorties précédentes ne m’avaient laissé présager une telle densité. Toujours difficile de sortir l’appareil photo en de telles circonstances, on se contentera de ça :

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Truite de la Cerveyrette, un des dernières de 2014…

Le moment de les laisser au repos

Bien que nous nous octroyons de temps à autres le plaisir de manger des truites (sans aucun sentiment de lèse-sportivité), ces géniteurs sains et remplis de gamètes ont pu regagner leur élément en pleine forme. Souhaitons-leur d’excellentes conditions hydrologiques pour leurs ébats à venir !

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A bientôt !

Simon SCODAVOLPE