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peche carpodrome

Le carpodrome (étang commercial) est apparue bien plus tard sur le continent qu’en Angleterre. On a commencé à parler de carpodrome à la fin des années 1990 en France, avec un boom depuis l’an 2000. En Angleterre, les fameuses Fisheries sont nombreuses et pour certaines très anciennes.

Cette donnée explique en partie de grosses différences d’approche entre la pêche en carpodrome en France et la pêche en fishery. Olivier Wimmer, qui a eu l’occasion de voyager en Angleterre à plusieurs reprises, dresse un comparatif intéressant de ces deux mondes de pêche au coup.

 

Points communs entre carpodrome et fishery

Nos réseaux hydrographiques publics sont aussi riches d’un côté et de l’autre de la Manche. Si les fisheries sont apparus plus tôt au Royaume Uni, c’est pour contenter une masse de pêcheurs de compétition beaucoup plus importante qu’en France. Si la pêche de loisir est très populaire chez nous, en Angleterre, c’est la pêche de compétition qui est une véritable institution.

Ce qui a fait, et fait le succès des étangs commerciaux des deux points de vue, c’est:

  • Une désertification des plans d’eau, rivières et canaux publics également.
  • L’invasion du grand cormoran n’y est pas innocente non plus.
  • Canaux, rivières publics sont devenus avec le temps, moins accessibles en automobile pour faire place aux pistes cyclables et s’est produit un rapport de cause à effet.

Moins de pêcheurs au bord de l’eau, moins d’agitation, c’était champ libre à la prolifération de cette espèce piscivore. Loin de moi l’idée de l’accabler de tous les maux et dysfonctionnements, mais ce phénomène ne peut être écarté.

Un accès plus difficile, moins de poissons et plus difficiles à capturer, de nombreuses contraintes ont fait que dans une société où chaque minute compte pour ceux qui travaillent, vont à l’école, il a fallu proposer une alternative où le rapport, investissement financier/temps/plaisir, s’équilibre. La pêche en carpodrome avait la voie tracée et libre.

La voie royale pour le développement des étangs commerciaux

Tout comme en Angleterre et ses fisheries, ainsi naquirent les carpodromes en France pour le bonheur de tous. Pris pour une mode durant un temps. L’étang commercial est devenu un phénomène de masse et une autre façon de pêcher.

Au départ, on a surtout vu des jeunes s’y mettre, avides de sensations car avec un sac de pellets et une ligne on pouvait « prendre rapidement son pied », mais avec le temps, même les plus anciens y ont pris goût. La pêche en carpodrome a aujourd’hui ses adeptes, ses grandes épreuves et son circuit de championnats, tout comme en Angleterre où on distingue le circuit « Commercial ».

Carpodrome ou fishery, même constat, il est possible de prendre beaucoup de poissons. Avec la bonne approche évidemment, mais sans se ruiner !

Des différences halieutiques entre carpodrome et fishery

Sur le plan halieutique, il y a 2 grosses différences entre la situation française et anglaise, ce qui fait varier les approches. Les fisheries anglaises sont très fréquentées. Dans certaines il y a dans la semaine, ce qu’on appelle des Open Match. Ouverts à tous, jeunes comme anciens s’affrontent et ce, de janvier à décembre. Ceux qui travaillent de nuit, ceux qui travaillent 1 jour sur 2 etc. Les plus anciens à la retraite peuvent venir quand bon leur semble. On trouve de tout.

Le weekend est consacré aux grosses épreuves où se déplacent souvent les meilleurs pêcheurs en raison de gains alléchants. Cette fréquentation importante a un impact sur le cheptel.  Des milliers de capture et “release” pour des poissons très éduqués et devenus méfiants avec le temps.

Dans ces petits plans d’eau où la compétition alimentaire fait rage, les poissons ont une capacité de croissance limitée. Il n’y a guère que dans les grands étangs et réservoirs que les poissons ont tout le loisir et la nourriture naturelle pour croître en taille et en poids.

Des plans d’eau creusés et aménagés pour la pêche moderne

Au départ, des carpes avaient surtout été introduites. Par contre, très rapidement d’autres espèces ont été introduites afin de pratiquer la pêche toute l’année. Les fisheries ont pour la plupart étaient construites de toute pièce et elles pullulent. On creuse, on donne l’aspect et la forme qu’on souhaite. Puis, on met de l’eau et après quelques mois, c’est prêt à pêcher. Je caricature mais nombreux sont les étangs nés ainsi en plein champ.

En France, on a fait avec l’existant. Nos nombreux étangs souvent déjà bien poissonneux. Grâce à une gestion exemplaire, ont vu leur cheptel de carpes grossir en nombre. On y trouve donc des poissons de belle taille, très belle taille qui cohabitent avec des plus jeunes. Nos carpes sont plus grosses, c’est un fait, plus combatives, parfois moins méfiantes aussi.

Pour le moment, il n’y a pas de cohabitation ou très peu, avec d’autres espèces. La pêche en carpodrome s’étale de mai à fin octobre environ, période d’activité pour ce poisson.

L’exemple d’un complexe anglais, un des nombreux étangs du complexe de White Acres. Notez le nombre de postes et toutes les techniques autorisées. Un modèle de carpodrome

Différence d’approches techniques

Carpodrome français et fishery anglaise, la pêche ne s’y pratique pas de la même façon. Du printemps à la fin de l’été, les carpes sont la cible en Angleterre, mais il n’est pas rare que les bourriches soient complétées par des brèmes, des carassins et aussi par le fameux F1 qui fait doucement son apparition en France. C’est un poisson sport, un hybride entre une carpe et un poisson d’ornement.

Il ne peut se reproduire et ne croître que jusqu’à 3 ou 4 kg maximum. Mais il fait le bonheur de tous ceux qui maîtrisent sa pêche. En France, seules les carpes sont comptabilisées dans les épreuves « carpodrome».

Grosse carpe dans un carpodrome en France…

F1, carpes et tout venant dans les fisheries !

Mais aussi des poissons blancs et des carnassiers dans les fisheries, de quoi pêcher toute l’année !

La pluralité d’approche de nos amis anglais

En Angleterre, la pêche est dite « libre », c’est-à-dire qu’on peut pratiquer aussi bien à la grande canne, qu’à l’anglaise ou encore au feeder. Chez nous, nous autorisons seulement la pêche à la grande canne. La configuration de nos étangs explique cela.

Dans l’hexagone, les berges sont relativement linéaires et d’allure artificielle et on tente d’optimiser la superficie au maximum.

Au Royaume-Uni, la végétation a sa place. Beaucoup de formes sont les fameux Snake Lake (étang en forme de serpent). On trouve certains sous forme des canaux, de plus larges parsemés d’ilots, etc. Un ponton permet aux pêcheurs de s’installer tous les 10 mètres environ.

Un exemple de fishery avec des pontons installés tous les 10 mètres environ. Les postes aménagés pour pratiquer toutes les pêches.

 

Différences d’approches stratégiques

Ces façons de faire impliquent des différences de stratégies de pêche. Au regard de la méfiance des poissons, les anglais ont pour habitude d’attaquer prudemment et de construire leurs coups. Il leur arrive fréquemment de combiner pêche au method feeder, pellet waggler, grande canne, bordure, pêche de surface.

Concernant la pêche à la grande canne et la pêche de bordure qui nous sont communes, ils pêchent beaucoup plus fin et léger au niveau de leurs montages de lignes, mais aussi en matière d’élastique.

 

Des élastiques en moyenne beaucoup plus fins en Angleterre.

 

 

Chez eux, une carpe de 5 kg est un gros poisson déjà. En France, on parle de spécimens ou de grosses carpes à partir de 8/10 kg. Je ne veux pas dire par là que nous autres français pêchons « grossier », mais nos montages de lignes sont adaptés à nos poissons, qui sont par endroit de véritables brutes.

Une approche plus light pour nos amis anglais

En Angleterre, les corps de ligne flirtent entre 14 et 18/100ème alors qu’en France, c’est entre 18 et 25 aux beaux jours. Les flotteurs sont également en rapport dont le rapport poids/diamètres de l’antenne, plus léger et plus fine en Angleterre tel que le prouve cette gamme de flotteurs dédiés.

Il en est de même pour les hameçons dont la taille et le diamètre de fer sont considérablement plus important en France. Nous utilisons les mêmes appâts : Pellets, maïs, vers de terre, asticots, pâte à escher.

 

Des poissons parfois plus petits mais surtout plus éduqués, obligent les pêcheurs anglais à adapter leur matériel et leur approche.

 

 

Encore une fois, la différence se joue au niveau des quantités. Ce n’est pas un hasard si la coupelle de scion est née en Angleterre ou encore le method feeder. Ces deux techniques meurtrières permettent de pêcher dans un mouchoir de poche avec juste la quantité d’appâts nécessaire.

A contrario, nous utilisons peu d’amorce dans nos carpodromes alors que les anglais en font grands usages. Ils utilisent beaucoup le Luncheon Meat aussi, qui apparaît doucement en France. Preuve que les poissons anglais ont eux aussi des goûts culinaires différents.

Les voyages forment les pêcheurs, après la France, l’Angleterre, Olivier vous emmènera en Belgique et en Italie …

 

 

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crazy-bait-herve-bieber

 Dans le circuit de la pêche de compétition en carpodrome, la finale Crazy Bait est un rendez-vous annuel très prisé et attendu par tous les pêcheurs de carpes au coup. Les participants s’y qualifient lors d’épreuves éliminatoires qui se déroulent aux quatre coins de la France l’année précédant la finale. Les places sont chères car le niveau de plus en plus élevé. La finale 2016 a eu lieu les 7 et 8 mai 2016 sur les magnifiques plans d’eau de Socourt et Padoux dans les Vosges. Hervé Bieber a décroché une belle 3ème place et revient pour nous sur son weekend.

Pêche de compétition en carpodrome: Une finale compliquée pour cette épreuve majeure

La veille de l’épreuve, un éliminatoire pour la finale 2017 a été organisé sur le plan d’eau de Socourt, le plus grand des étangs. Ceci a permis aux uns et aux autres de prendre la température. Hervé y a participé et savait que ce serait une « finale compliquée ». Le nombre de participants et la capacité des plans d’eau ne permettent pas à tous de pêcher simultanément. Ainsi 2 groupes s’affrontent sur chaque plan d’eau et par demi-journée. Le classement final s’effectue au poids total sur les deux manches et il vaut mieux ne pas démarrer le samedi matin à Socourt, car l’appétit des carpes va en croissant. A l’inverse à Padoux, il vaut mieux pêcher les matins, car les pêches deviennent difficiles.

Le tirage au sort du vendredi soir attribue à Hervé le N°12 à Socourt le samedi après-midi et Padoux au 15 le matin, l’espoir de construire un gros poids nait !

1ère manche

Le samedi matin, Hervé a tout le loisir d’observer les pêcheurs et d’analyser son futur poste et enfin d’affiner sa préparation. « Le matin la pêche a été dure, un seul beau score à 55 000, sur mon poste un score de 15 800.

Mon choix s’est porté sur une pêche au maïs avec des flotteurs de 0.40 à 1.5 gr montés en 18/100. Le début de pêche a été catastrophique. Je décroche 2 gros poissons, entre 6 et 8 kilos au bord de l’épuisette et enregistre deux casses successives. Je décide de revoir ma stratégie et monte une ligne en 22/100ème. Les touches se poursuivent grâce à un rappel constant de demies grosses coupelles de maïs. Les carpes communes de 2500 pts s’accumulent et je termine la dernière heure avec 4 belles miroirs de 5000 pts. La balance accusera 59kg800 ! » Au poids total de la journée, Hervé finit second à 3kg du vainqueur.

2ème manche

Sur le petit carpodrome de Padoux, les scores sont plus faibles. Néanmoins, à l’entame de la manche, Hervé est confiant au regard du score enregistré sur le poste la veille. « Je savais que ma place avait fait quelques poissons corrects avec des scores de 7 et 9000 pts qui sont des poids corrects sur ce petit carpodrome. Pour réaliser un joli score, à savoir plus de 10000 pts, il faut avoir un herbier où les carpes gravitent naturellement, mais il n’y en a pas sur mon coup. Le souci est qu’il y a eu une super reproduction de carassins pesant entre 15 et 20 gr et dévorant tout sur leur passage. »

Déroulement de la 2ème manche

Hervé opte pour des lignes légères, de 0.2 à 0.6gr en 16/100. Il décide de faire 2 coups un au vers coupés et un autre au pellets/maïs.  « La pêche démarre par la capture d’une petite carpe de 1kg500 après 10 mn sur mon coup au maïs puis plus rien.

  • Malgré l’alternance des esches, asticot, expander, vers, pellets durs, je n’enregistre pas davantage de touches.
  • Au bout de 2h00, je décide de rallonger la bannière d’1,50 m.
  • Pour voir s’il n y a pas quelques poissons qui se sont stationnés au large au fur et à mesure des manches. Bien m’en a pris puisque je prends une carpe de 2500 pts et quelques jolis carassins de 300gr pour finir avec une bourriche de plus de 6kg.

A l’issue des 3 demi-journées et avec un poids cumulé de 66kg200, je pointe à la seconde place du classement provisoire. Hélas, Marc Renaud, en réalisant une pêche à 57kg400 lors de la dernière manche et me bat de 550gr. Mais je suis très satisfait de cette 3ème place ! »

Matériel utilisé par Hervé