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De retour des Cévennes, je me trouve dans un état d’excitation à peu près équivalent à celui du vendredi soir précédent, tant la pêche fut poussive durant le week-end dernier. La météo calamiteuse qui a affecté les Alpes du Sud à l’ouverture (neige et vent de nord) n’a sans doute guère fait évoluer les conditions hydrologiques (très propices) des semaines passées.

 

Effectivement, je retrouve en ce lundi des cours d’eau parfaitement en place, que quelques jours de congés devraient permettre d’explorer. Je démarre la semaine en solo avec une stratégie clairement établie :

Au vu de la conjoncture favorable sur les rivières principales (et connaissant son caractère éphémère à cette période de l’année), je compte rompre avec les habitudes post-ouverture des années passées (la disette hivernale poussant à se ruer sur les affluents densément peuplés dès le début des hostilités) pour me focaliser sur la pêche des cours d’eau de gros calibre, en vue de rechercher plutôt la taille que le nombre.

Par contre, comme à l’accoutumée, j’apporte un soin tout particulier à l’évitement des parcours empoissonnés et des parcours no-kill. Solutions de facilité choisies par certains pratiquants pour s’assurer quelques reports de début de saison, mais dont l’aspect artificiel et les règles du jeu faussées me rebutent toujours autant. Une grosse truite, ça se mérite non ?

 

Je m’arrête donc sur un parcours du domaine public à la réglementation classique assez encaissé, situé sur la rivière principale du coin, dans l’optique d’une prospection rapide aux leurres visant à battre du terrain :

Le moment pour essayer une march Brown

Arrivé sur les lieux, il est 12h30, des martinets effectuent de grandes arabesques au dessus de la rivière, indice d’une éclosion d’insectes en cours, rapidement confirmée par  la présence de plusieurs sub-imago dérivant au gré des courants.

Interrompant aussitôt l’hérésie halieutique imminente qui aurait consisté à lancer des poissons nageurs sur des poissons capturables à la mouche, je retourne à la voiture et file scruter une bordure prometteuse repérée cet hiver. La zone est constituée d’une belle tête de courant marquée et assez puissante, dont le côté gauche vient buter sur un enrochement créant une retourne. Sur le banc de sable formé en aval, j’aperçois d’emblée plusieurs poissons de taille variable attablés, godillant à la limite du remous et de la grosse veine porteuse.

Ils ne sont pas véritablement postés pour la plupart, mais tournent plutôt sur la zone, se plaçant tantôt sous la veine principale, tantôt plus près du bord à quelques mètres de ma position. Ils profitent de cette manne d’insectes qu’ils prélèvent majoritairement sous l’eau en délaissant la majorité des sub-imagos de March Brown qui dérivent au dessus de leurs têtes. Seules les truites les plus énervées percent la surface de temps à autres.  Misant sur un certain opportunisme de leur part (et jugeant surtout une approche en nymphe à vue un peu trop présomptueuse), je tente le coup en sèche.

Action de pêche à la mouche

L’action de pêche consiste à choisir un moment optimal pour lancer la mouche, coïncidant avec l’absence de vent et le décalage d’un poisson dans la zone calme de façon à ne pas ferrer un individu au milieu de la troupe, ce qui anéantirait toute chance de capture en série. Premier posé correct (pas trop catastrophique) entre deux rafales, et une jolie fario méditerranéenne d’une quarantaine de centimètres gobe élégamment l’imitation de March Brown sur H14 dressée pour l’occasion par le non moins élégant Matthieu Vieilhescazes :

Scoda truite de mars.2

Une deuxième du calibre similaire prend la pose en suivant, avant un poisson plus petit bien énervé qui dissipera tout le banc :

Scoda truite de mars.3

Scoda truite de mars.4

 

L’autre côté du pool est constitué d’une plage lisse moins marquée, ce qui complique le repérage des poissons. Bien qu’aucun gobage ne soit visible, j’imagine que quelques truites nymphent sur la bordure et je choisis de pêcher l’eau en lançant préférentiellement sur les éléments marquants du fond susceptibles de fixer les poissons (essentiellement les blocs de plus gros calibre).

Et ça paye :

Scoda truite de mars.5

Scoda truite de mars.6

Scoda truite de mars.7

 

De retour sur le poste rive gauche, les plus petits individus du banc non capturés en début de pêche se sont remis à table mais restent insensibles aux passages en surface, c’est donc en nymphe que se termine cette journée avec quelques captures supplémentaires à la clé (malgré de nombreux ferrages approximatifs…) :

Scoda truite de mars.8

 

Un après-midi mouvementé, avec une majorité de poissons pris à vue : un régal !

Coline me rejoint pour cette pêche à la truite en Mars

Le lendemain, Coline me rejoint. Les conditions météo changent radicalement : le vent de nord très gênant la veille s’est évanoui, tout comme les nuages qui ont laissé leur place à un franc soleil.

Conséquence ou pas de ce changement de luminosité, les insectes se raréfient sur le créneau 12-15h. Seulement deux poissons capturés sur cette plage horaire, le premier en sèche pour moi à vue (l’un des 2 seuls poissons attablés sur la bordure ce jour là) :

Scoda truite de mars.9

Et un second en nymphe au toc plus en aval pour Coline, présage de la suprématie des pêches sous l’eau durant les 2 jours suivants :

Scoda truite de 10

 

A bientôt pour la suite !

Simon SCODAVOLPE

Scoda truite de.11

 

 

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. . La réussite d’une pêche de la truite est multi- factorielle. Avoir un maximum de touches, c’est le leitmotiv de tout pêcheur un tant soit peu productiviste. Toutefois, l’accumulation mécanique de ferrages sans réflexion sur les circonstances qui les occasionnent, vous laisse à la merci de l’humeur des truites. Avoir des touches c’est bien, comprendre l’attitude des poissons qui les produisent (ou ne les produisent pas d’ailleurs), c’est mieux, car votre stratégie de pêche (que nous aborderons lors d’un prochain article) en dépend étroitement et permet souvent de forcer le destin. Voici comment procéder pour cerner et s’adapter à l’humeur du jour (c’est-à-dire le comportement adopté par la majorité des truites de la portion prospectée), qui correspond généralement à l’une des 3 cas suivant :

Pêche de la truite: elles sont postées :

En début de pêche, j’aime bien observer la rivière depuis un point haut, à la fois pour m’imprégner de l’ambiance, mais aussi (mon esprit cartésien reprend vite le dessus sur mon penchant contemplatif) pour rechercher d’éventuels indices de l’activité des poissons. En surplombant depuis un pont, si l’on observe des truites qui godillent dans les radiers, sur les plats, devant les pierres, pas de doute : elles sont dehors ! Elles occupent alors les postes de chasse décrits dans l’article précédent « REPERER ET COMPRENDRE LES POSTES ».

Attention à ne pas se réjouir hâtivement car dans ces conditions, leur régime peut être plus ou moins discriminant.

Généralement jusqu’à la fin de la fonte des neiges, pas de soucis pour le tocqueur, qui parvient à tirer son épingle du jeu avec des esches classiques telles que teignes, vers ou porte-bois.

Au contraire, certains jours d’été ou de fin de saison (lorsque l’étiage sévit depuis plusieurs semaines), ce même pratiquant peut être frustré par la vue d’individus bien attablés, alors qu’il n’enregistre aucune touche, ou seulement des grimaces. Dans l’immense majorité des cas (si l’approche a été soignée), c’est l’appât qui est en cause. A mesure que l’été se profile, le régime alimentaire des truites devient plus spécialisé et tend vers la miniaturisation ; n’oublions pas que c’est au printemps, lorsque les eaux sont fortes, qu’a lieu la majeure partie de la croissance de ce salmonidé (et non pas en été lorsque les eaux sont bien en place !). Les esches de tailles classiques (souvent trop caloriques et ne collant pas à la prédation du moment) sont alors refusées.

A ce moment là, deux options s’offrent à vous, selon que :

  1. Les truites gobent (par exemple lorsqu’elles vous agacent en montant sur le guide fil) : la pêche à la mouche façon eaux rapides supplante fréquemment le toc. On note ici tout l’intérêt de maîtriser le duo mouche/toc en été.
  2. Les truites s’alimentent sous l’eau : il est possible de déclencher des touches lorsque l’on pêche la truite au toc en diminuant la taille de l’esche, d’autant plus que le besoin s’en fait sentir. En pratique, je débute systématiquement à la petite teigne ou au petit ver en été (par commodité). S’ils ne m’apportent rien ou seulement des touches inferrables, je passe aux insectes en testant d’abord la sauterelle (elles abondent  dans les prés de montagne dès les premières chaleurs), puis en dernier recours la mouche naturelle (moins pratique à obtenir mais parfois salutaire) ou des micro-nymphes à bille, nous en reparlerons à la belle saison !

COMPRENDRE LE COMPORTEMENT DES TRUITES SIMON SCODA.2

Lorsque les truites guettent les insectes en surface dans les eaux maigres, il est souvent inutile de s’évertuer au toc…

Des tuites cachées mais à l’affût

 Les truites abritées ont différents types de réactions face à un stimulus alimentaire. Certaines restent impassibles alors que d’autres se montrent beaucoup plus coopératives. J’entrevois comme une aubaine la possibilité de tomber sur des poissons à l’affût. Là tous les éléments sont alors réunis pour faire une pêche honorable. La cadence de touche est régulière mais non effrénée. Il y a donc moins de risques qu’une émotivité exacerbée ne vous transforme en manchot. Surtout  si comme moi, vous n’êtes pas un modèle de flegme au bord de l’eau !.

De plus, une truite qui sort de son refuge pour s’emparer d’un appât produit très souvent une touche franche. Cette dernière est relativement facile à concrétiser. Facile oui mais à condition de garder un semblant de mou dans la bannière car la mollesse de la dérive dans cette pêche de « devant de caches » est quand même génératrice de ratés.  En présence de truites cachées mais à l’affût, il suffit de sélectionner les angles de pierre et de sauter les belles veines pourtant alléchantes. Le ratio nombre de coups de lignes/nombre de prises s’approche parfois de 1 !

COMPRENDRE LE COMPORTEMENT DES TRUITES SIMON SCODA.3

La belle veine passe à droite de la photo. Mais la truite était à gauche, à l’affût dans l’angle de pierre…

Pêche de la truite: les truites sont cachées et peu “stimulables” :

Certains moments, les truites sont cavées et la prospection des abords des caches avec des appâts vivants ne donne rien. En présence de poissons cachés et rétifs, le stimulus alimentaire peut s’avérer inefficace. La clé de la réussite passe souvent par un changement de technique, en abandonnant l’effet appât naturel. Ici, le vairon mort manié, qui fait appel à l’agressivité du poisson, supplante alors la mouche ou le toc.

Ainsi, cette pêche réputée de début de saison, peut même se révéler efficace durant les mois les plus chauds ! Elle fait notamment le bonheur de quelques vieux roublards qui prennent le soin d’emporter quelques petits vairons en été. Lorsque la rivière semble déserte en août, un petit poissonnet dandiné devant les caches peut vous éviter la bredouille. J’avoue rechigner à me plier à la logistique qu’implique la pêche au vairon en eaux vives. Je préfère garder ma canne à toc tout en variant le menu au niveau de l’offre ; cela permet certains jours, non pas de transfigurer le résultat, mais au moins de sauver les meubles !

Quelle que soit la technique choisie, il convient dans ces conditions difficiles de rechercher les coups les plus probables. C’est-à-dire ceux qui concentrent une veine porteuse et une belle cache (les fameux « coups mixtes » présentés dans l’article précédent). La stratégie de pêche consiste alors à couvrir un maximum de terrain. Car généralement, seul un faible % d’entre eux produit des touches, sans explication apparente qui permettrait de différencier les meilleurs. Il faut donc multiplier les tentatives pour espérer mettre quelques poissons au sec !

COMPRENDRE LE COMPORTEMENT DES TRUITES SIMON SCODA.4