Retour sur un coup du soir au toc de septembre :
Il est 17h30 quand je débute le coup du soir au toc, ce soir là. En cette mi-septembre, les conditions hydrologiques étaient, jusqu’à la nuit dernière, de saison. Des eaux claires, basses et relativement froides (nous sommes repassés en dessous des 10°C en montagne suite au sérieux rafraîchissement des nuits depuis la mi-août). Toutefois, de récentes précipitations ont provoqué une montée des eaux brutale et en cette fin de journée, les niveaux sont sur la baisse mais encore forts. Les cours d’eau du bassin versant sont teintés. Considérant que la turbidité nuit vraiment à la lecture d’eau, je choisis le cours d’eau du BV qui s’éclaircit le plus vite. La teinte de l’eau y est plus gris ardoise, et non marron comme sur certains de ses voisins.
Le succès d’une partie pêche lors d’un crue est avant tout une affaire de timing, car suivant la saison, la durée de présence d’eau turbide et l’inertie du coup d’eau (principalement conditionné par la nature du sol et la saison), les poissons s’alimentent plus ou moins longtemps. Le meilleur moment selon moi, est la décrue. En effet, si une activité importante est possible à la montée, elle est souvent de courte durée, les conditions de chasse se dégradant rapidement à mesure que la turbidité augmente. La pêche n’est pas extraordinaire lorsque les eaux charrient et devient bien meilleure lorsqu’elles commencent à s’éclaircir. De plus, le timing est parfois dur à prévoir dans la mesure où les poissons s’alimentent de façon plus ou moins longue à la décrue, et il est possible d’arriver après la bataille…
Retour au bord de l’eau
Arrivé sur les lieux, je constate que le niveau est fort comme prévu, mais la teinte tout à fait compatible avec une pêche au toc assez classique, au ver. La pente est relativement importante sur ce torrent de montagne. Je choisis donc un secteur d’ordinaire assez assagi et homogène de façon à bénéficier de nombreux coups porteurs dans les eaux fortes.
Je débute la pêche en testant, comme à mon habitude, un maximum de postes différents, tant en termes de profondeur, de vitesse de courant que de distance aux caches, afin de dégager une éventuelle tendance et donc un moyen d’optimiser la prospection en se focalisant sur la configuration porteuse.
Un début délicat pour ce coup du soir au toc
La rivière semblent vide durant plus de demi-heure, les petits radiers maigres en bordure (souvent plébiscités par des poissons en chasse dans l’eau teintée) ne rapportent rien, tout comme les coups marqués près des caches, aussi alléchants soient-ils :
J’arrive alors sur une lame marquée de profondeur moyenne, balayée d’un courant parfaitement laminaire sans turbulence. Le substrat hétérogène laisse supposer la présence de nombreux amortis près du fond. Donc il représentent autant de postes de chasses potentiels, en tête et sur la bordure opposée, assez loin.
Effectivement, je prends rapidement une touche que je manque, puis un premier joli poisson se rend :
Une truitelle touchée au coup de ligne suivant m’encourage à serrer la prospection. Je multiplie les passages entre les blocs proéminents immergés. Ce sont finalement 4 truites maillées qui se rendent sur cette portion de 15m, en l’espace d’une quart d’heure.
Je poursuis ma progression et retrouve une configuration plus classique en amont. Je la saute allègrement canne en main. Quelques coups de ligne par acquis de conscience sur les postes les plus prometteurs. Ils resteront tous vains :
Je ne connais pas le haut du secteur et remonte donc canne en main. En m’arrêtant de moins en moins souvent car mes tentatives avortées me persuadent que le salut passe par la recherche de l’unique configuration qui m’a rapporté quelques poissons. Une lame marquée, de profondeur faible à moyenne (moins du mètre) qui tire droit et sans turbulence.
Après une demi- heure, ça change…
Après une grosse demi-heure d’avancée stérile, un nouveau coup similaire se profile :
Je serre d’entrée de jeu en lignant dès la fin du pool de façon à peigner toute la zone, par coups de ligne parallèles. Les poissons répondent aussitôt présents et 4 truites supplémentaires rentrent, dont une dernière bien nerveuse :
Au final, 8 poissons en 1h30
Plus de 1km de rivière parcouru et des touches sur moins de 100m. Un coup du soir au toc réussi. Un tel coup du soir illustre parfaitement l’importance de la stratégie, surtout avec un temps de pêche limité.
Malgré l’omniprésence de la technique dans les considérations de nombreux pratiquants (notamment la sacro sainte plombée), la façon de construire sa partie de pêche demeure le principal facteur de réussite. Ce soir là, un simplissime « 4 plombs de 6 » ont amplement suffi à présenter l’appât de façon naturelle. En effet, l’important était ailleurs !
A bientôt
Simon SCODAVOLPE
Pêche de la truite au toc en montagne
” Une vie de pêcheur de truite, c’est combien de mois de juin ? ” Cette phrase sortie de la bouche d’Olivier Plasseraud il y a quelques années, alors qu’il évoquait ce rendez vous saisonnier incontournable, résonne souvent dans ma tête en début d’été.
La question mérite d’être posée. Tant nous sommes tous dans l’obligation de composer avec des éléments de la vie courante. En effet, ils ont la fâcheuse tendance à limiter notre temps de pêche effectif . Bien que tout un chacun possède malgré tout, quoiqu’on en dise, un pouvoir décisionnel réel afin de les marginaliser, ce à quoi je m’emploie sans relâche.
Les causes de cette période “bénie”
Nous avons tous de bonnes raisons de déserter les berges à certains moments de la saison. Toutefois, je les trouve subitement frivoles dès qu’une conjoncture favorable se dessine. C’est le cas en juin pour la pêche de la truite au toc en montagne:
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Plutôt qu’une désignation temporelle figée. L’expression “fin de la fonte des neiges” semble plus adaptée à la réalité écologique du propos.
En effet, nous traitons ici de cette fameuse période transitoire entre les eaux grises et hautes du printemps et le mince flux limpide de l’étiage estival. Elle survient généralement courant juin sous nos latitudes. Durant ce créneau (dont la durée varie de quelques jours à quelques semaines suivant le stock de neige initial et l’évolution de la météo après les premières chaleurs déclencheuses de la fonte), les niveaux sont tendus mais sur la baisse, la température remonte progressivement vers la sacro-sainte douzaine de degrés et la turbidité de l’eau se retrouve plus en conformité avec le mode de chasse de la truite.
Ces dernières se montrent plus vaillantes qu’en Mars et moins tatillonnes qu’en Août. Leurs phases d’alimentation sont longues, intenses et leur régime assez peu discriminant. De par la prédominance d’un couple vitesse/profondeur important, les poissons sont encore assez localisés sur les bordures, la lecture d’eau et la stratégie de pêche deviennent alors limpides. De plus, la concurrence est curieusement faible à cette période, les assommeurs d’arc en ciel post ouverture ayant terminé leur besogne et les juillestistes n’étant pas encore là. Juin a tout pour plaire.
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En début de période, il conviendra de sélectionner les sections assez élargies, compatibles avec les forts niveaux.
Avant de se diriger progressivement vers les portions plus pentues à mesure que le débit diminue (de façon à prospecter chaque secteur en présence du couple vitesse/profondeur idéal qui lui sied). Connaître une rivière à truites n’est pas seulement une affaire de technique porteuse. Ni même de comportement singulier des poissons comme on l’entend souvent. C’est aussi et surtout intégrer précisément l’évolution de la topographie le long du gradient amont/aval (y compris les micro-tronçons singuliers souvent névralgiques).
Une période “bénie” raccourcie en 2015
En 2015 dans les Alpes du Sud, cette période bénie fut brève, relativement à celles des deux dernières années. De façon générale, plus les eaux grises se maintiennent longtemps, plus l’activité des truites à l’éclaircissement est importante et durable. Les hivers sans neige font aussi notre désarroi. Quelques photos d’ambiance :
Pas besoin de jouer au plus fin
Pour le pêcheur au toc, l’heure n’est pas encore aux lignes ténues du mois d’août. Aussi toute finasserie est inutile, voir une erreur face à des truites vigoureuses dans des courants importants. Un bon 14/100 en bas de ligne pour minimum. En rivière moyenne, il est souvent nécessaire de faire traverser la lame centrale violente aux poissons piqués sur la berge opposée.
Ainsi, une bonne réserve de puissance sur le bas du blank de canne évite de se faire balader par tout poisson de taille décente. L’Extrême Trout 3.50m est parfaite pour les pêches amont à cette période (elle offre un bras de levier suffisant pour pêcher creux dans les postes restreints à 7/8m, tout en étant très confortable).
Au niveau des appâts aussi, il est bon d’adapter leur nature et leur taille à la prédation du moment. Les vers de taille moyenne ont souvent les faveurs des truites quand l’eau est encore mâchée. Puis ils seront relayés par des esches plus petites à mesure que l’étiage s’installe. L’abondance de trichoptères dans les rivières que je fréquente facilite considérablement le choix :
A bientôt
Simon SCODAVOLPE
La pêche de la truite dans les Pyrénées, est pour l’auteur un vrai retour à la maison. Suivez- le au gré d’un séjour dans les Pyrénées Orientales le long de la frontière Franco- Espagnole.
Pêche de la truite dans les Pyrénées: Back at Home
Tout pêcheur un tant soit peu assidu acquiert au fil des ans un panel de coins de pêche entre lesquels s’établit une hiérarchie selon des critères assez subjectifs. Les meilleurs sont souvent rattachés à des souvenirs d’enfance, ou, lorsqu’ils sont découverts plus tardivement, possèdent certaines caractéristiques essentielles qui les propulsent au pinacle de notre panthéon personnel. Personnellement, après une quinzaine d’années d’exploration tous azimuts, chaque sortie dans les Pyrénées devient synonyme de retour “à la maison”. Donc il possède un parfum tout particulier. Si de nombreux petits cours d’eau des Hautes Alpes supplantent les coins pyrénéens de mon enfance en termes de qualité de pêche à proprement parler, peu d’endroits égalent la diversité et le caractère des régions de la chaîne franco-espagnole.
Ouverture de la truite en lacs de montagne
Cette année, l’ouverture en lacs de montagne dans les Pyrénées m’a permis de retrouver quelques vieux potes. Pour un week-end partagé entre plans d’eau et rivières, prélude d’une semaine chargée avec un interlude espagnol, avant une dernière sortie catalane côté Français cette fois. La présence dans nos rangs d’un individu (dont l’appartenance à un grand groupe de pêche en vogue dans le monde des carnassiers m’empêche de divulguer l’identité), à la fois réfractaire aux grandes courses en montagne (suite à plusieurs années d’hygiène de vie déplorable) et puriste au sujet de l’esthétisme des poissons, a considérablement limité le nombre d’options possibles en termes de parcours : les lacs accessibles en claquettes épargnés par les truites blanchâtres héliportées, ça ne court pas les rues, même dans les régions les plus sauvages des Pyrénées.
Ainsi, ces critères nous ont directement conduits aux lacs du Carlit dans le 66. Au-delà de la population de “farios méd” qu’on y rencontre, la fameuse souche arc-en-ciel Bouillouse est aussi représentée. Ces lacs sont assez atypiques dans les Pyrénées, dans la mesure où l’influence climatique méditerranéenne offre des conditions de vie moins austères qu’à l’ouest de la chaîne, favorisant le grossissement des poissons et un recrutement significatif, ce qui constituent leurs atouts principaux (et permet de mieux supporter les hordes de touristes qui défilent continuellement le long de leurs berges).
Notre ouverture en lac de montagne
Nous y passerons finalement une seule journée, la faute à une météo déplorable (raison officielle) et il faut bien l’avouer, à une pêche tout aussi pourrie (surtout au niveau de la taille moyenne des truites capturées).
Ma conception de la pêche en lacs de montagne (pour la truite et le saumon de fontaine tout au moins) donne la primeur au moyen mis en œuvre. Le résultat reste secondaire, jusqu’à un certain point bien sûr. Ainsi, en matière de pêche à la mouche, je rechigne toujours à nouer autre chose qu’une sèche au bout de mon bas de ligne. Tout en sachant pertinemment, qu’une prospection insistante sous la surface, en noyée notamment, souvent bien plus productive. Les quelques poissons capturés sont venus gober des chiros noirs émergents en l’absence de vague. Ou bien des sedges (goddard et ailes en toit) lorsque le vent a daigné rider la surface .
La qualité de la pêche du matin ne fut pas suffisante pour nous pousser à braver la pluie battante de l’après midi et nous prenons la descente en fin de journée.
Pêche de la truite dans les Pyrénées: 1 descente pour la pêche en “eaux vives”
Le lendemain, nous démarrons en milieu de matinée sur un secteur d’eau vive proche, dans l’optique de continuer à la mouche. Je pêche en duo avec Benji. La topographie de la première partie du secteur (pentue et resserrée) donne la primeur à l’approche immergée. Vers 11h, l’éclosion de phryganes se fait de plus en plus présente et un élargissement du tronçon multiplie les coups lents et homogènes. Mon compagnon qui s’escrime en sèche depuis le début remonte subitement au score. Je repasse en surface afin de ne pas perdre la cadence. Une berge chacun pour cette matinée, un rythme de touche constant, des truites modestes en taille certes, mais dont la qualité de souche compense largement ce déficit de centimètres. Nous arrêterons de compter à 20 poissons chacun :
” Prendre des truites moyennes sur des rivières moyennes est peut être un boulot minable, mais il faut bien que quelqu’un s’y colle” John Gierach
Passage de la frontière espagnole
Le lendemain, je franchis la frontière espagnole et ses célèbres bars pour adultes en compagnie de Sylvain Duvinage (sans aucune halte !), guide de pêche et boss de l’Agence Nomade Pêche, qui vient repérer un éventuel nouveau produit en terre catalane. Baroudeur insatiable et facétieux personnage (bien que désormais assagi par son statu de père de famille), Sylvain m’a proposé de l’accompagner pour sa reconnaissance. Toutefois, mon hôte connaît bien mon excitation. Mais aussi ma tendance stackanoviste lorsque je tiens une canne à truite.
Cependant, les nombreuses allusions à la nécessité de professionnalisme de notre excursion calment un peu mes ardeurs durant le trajet. Le but du séjour est de pêcher un maximum de secteurs différents, à la fois en terme de configuration que de gestion piscicole (oui nous sommes en terre ibérique, où l’on ne lésine pas avec les déversements) entre la rivière principale et quelques affluents. Le jugement des parcours tiendra compte uniquement de la qualité des secteurs en vue d’éventuels guidages de clients français (critères qui se révèlent souvent différents des miens qui pourraient se résumer de la façon suivante, par ordre croissant d’importance : truites sauvages/nombreuses ou grosses/cadre bucolique).
Des parcours très variés de l’autre côté de la frontière
Donc, nous pêcherons successivement des secteurs de montagne caillouteux, des portions de plaine aux poissons exogènes et d’autres parcours avals type « cimetière des éléphants » où la qualité des truites est supérieure (reproduction naturelle ou effet bénéfique du temps sur les stigmates d’une naissance en bassins bétonnés ? difficile à dire).
Les pluies orageuses qui s’abattent sur la région depuis notre arrivée nous laisseront un court créneau de 2h avant que l’eau ne se teinte. Nous débutons la pêche en pleine éclosion de Blue Winged Olive : Ce début d’après midi nous a quand même laissé entrevoir les -grandes- possibilités de pêche en sèche, ce qui motive grandement à revenir traîner ses wad’ dans le coin :
Le lendemain, nous écumerons les parcours « intensivos » et secouerons essentiellement des truites à manches courtes, que la déontologie m’empêche de publier ici. Je ne cris pas au scandale face à la présence de ces poissons, je veille simplement à me tenir éloigné des secteurs qui les contiennent, et laisse le soin aux pratiquants (français pour la plupart) en manque de sensations, de venir leur tordre le coup sans vergogne.
Sur le haut de la vallée, nous retrouvons une configuration typique de rivière de montagne, avec des truites plus petites mais en densité intéressante :
Retour en France
De retour d’Espagne, je retrouve Benji pour une journée dans les Pyrénées Orientales. Cette session se transformera finalement en un gros coup du matin, sous les effets conjugués de la chaleur écrasante et du Saint Chinian du repas du midi.
Il fut un temps pas si lointain où toute forme d’alcool était systématiquement bannie de mes sorties de pêche. Je prenais alors la chose beaucoup trop au sérieux pour me pervertir à consommer toute substance qui aurait pu me faire dévier de mon leitmotiv. Il va sans dire que je ne considérais pas comme pêcheur (et c’est d’ailleurs toujours le cas) ce genre de gars qui utilisent la pêche comme alibi pour se biturer entre collègues. Ils sont en partie responsables de l’image de beauf moyen qui affuble notre loisir et n’inspirent pas vraiment le respect.
Toutefois, j’ai quand même assoupli ma position avec les années et ne boude pas mon plaisir en présence d’un bon vin rouge de temps à autres, en particulier lors des débriefings post-coup du soir.
Dernière journée de pêche de la truite dans les Pyrénées
Bref, revenons au bord de l’eau :
Nous démarrons la pêche assez tard ce matin là, vers 8h. Au vu des niveaux encore importants des portions plein débit (oui, nous sommes dans une vallée qui n’a pas échappé aux turbines d’EDF) et de l’affection des truites « méd » du coin pour les rayons du soleil, nous n’avons pas jugé déterminant de démarrer aux aurores…
… bien mal nous en a pris. Dès les premiers coups de ligne, les prises s’enchaînent, la taille moyenne est honorable pour le secteur. Les truites mangent sur les bordures maigres et lentes, ça rentre régulièrement :
Après une première heure difficile, mon binôme sort de sa léthargie et participe à la fête :
Toutefois, vers 10h, la cadence diminue brutalement, nous laissant sur notre faim. Nous plions un peu après, en regrettant ce réveil tardif…
Difficile de connaître les heures d’alimentation des poissons dans tel cours d’eau à tel moment de l’année sans être présent très régulièrement au bord de l’eau. Je suis de plus en plus convaincu que ces horaires dépendent d’un nombre très importants de paramètres dont nous ne maîtrisons pas totalement la compréhension. De plus, ils ne sont pas vraiment reproductibles d’une année sur l’autre et nécessitent une fréquentation assidue des berges pour les déterminer à court terme.
Nous reviendrons sur ce sujet durant l’hiver !
A bientôt
Simon SCODAVOLPE
Après deux mois passés à écumer les coins de proximité, Mai a donné des envies d’ailleurs. Cette année, nous avons pris la direction d’une destination jusqu’alors inexplorée : le Jura. Pêche de la truite en mai au toc, mais pas que.
L’explosion de la communication autour de ces rivières depuis 2 ans, émanant de cercles que je n’ai pas vraiment l’habitude de fréquenter, avait surtout inspiré un certain scepticisme au pratiquant misanthrope que je demeure.
Le caractère méconnu d’un coin est l’un des piliers de mon credo et tout excès de fréquentation devient vite rédhibitoire.
Pêche de la truite au toc en mai dans le Jura
Toutefois, cette position peut s’assouplir de temps à autres, en particulier si les deux conditions suivantes sont remplies :
- les poissons que l’on trouve sont esthétiquement privilégiés (en l’occurrence, ils sont splendides et gros, petite précision qui a son importance)
- et le cadre bucolique (les associables supportent souvent mieux la cohabitation dans un cadre apaisant et champêtre).
Ainsi, bien que restant très septique face aux modes qui affublent notre loisir, que ce soit en terme de destination ou de technique, je mis de côté (pour un temps du moins) mon anticonformisme primaire et me laissais tenter par le département « in » du moment. La cible reste la même (les truites zébrées de souche méd), mais le milieu change radicalement entre les rivières froides de montagne haut-alpines et les cours d’eau paisibles chargés en calcium des vallées jurassiennes.
Autre aspect intéressant de cette découverte : le choc culturel. Découvrir la pêche dans le Jura pour un tocqueur façonné à la sauce pyrénéenne, c’est un peu comme faire écouter l’intégrale des Sex Pistols à une violoncelliste fraîchement émoulue du conservatoire. Le dénouement est pour le moins incertain, assurément, mais tout peut très bien se passer à condition d’y mettre un peu d’ouverture d’esprit.
Les ingrédients de la pêche sur ces secteurs (eaux lentes/grosses truites/faible densité/pêche à vue) sont en tous points opposés avec ceux qui me sont familiers. Pour quelqu’un dont l’excitation au bord de l’eau n’est calmée que par la rapidité de prospection et la cadence de touche, ça promet d’être dépaysant. Autre changement notable (que je m’impose celui-ci), pas question de prélever le moindre poisson sur ces rivières à faible densité. Si la consommation de quelques truites est un plaisir que je m’accorde volontiers de temps à autres (au mépris de la doxa moderne qui le stigmatise), les gros poissons, d’autant plus lorsqu’ils vivent dans des milieux fragiles comme ces rivières de l’Est, parviennent toujours à m’émouvoir suffisamment pour repartir à l’eau. On ne tire pas sur l’ambulance.
Etre obtus peut faire rater de bonnes expériences, je suis donc parti dans le Jura… avec un certain scepticisme certes, mais surtout une grande curiosité !
En route pour le Jura
Autant le dire de suite, les deux excursions furent toutes deux assez catastrophiques en termes de résultats. Faute à la malchance peut être?
- considérant l’explosion des débits pour la première
- à la maladresse plus certainement. Durant la seconde en particulier, un de ces fameuses journées où la mécanique s’enraye et où rien ne rentre malgré les nombreuses opportunités.
C’est avec Jean-Michel que je me rends sur les lieux la première fois. Le trajet aller se faisant sous des trombes d’eau, ce qui était censé être initialement un petit-cou-d’eau-faisant-bouger-les-poissons s’est en fait révélé être une bonne crue printanière, anéantissant tout espoir de pêche agréable (comprendre en évitant le recours aux plombs de 0) et réduisant le temps de pêche efficace à une grosse journée, au cours de laquelle les Extreme Trout ont repris du service. Plombée lourde et étalée/ver de terreau au programme. Une pêche beaucoup plus subtile qu’il n’y paraît. Même le puriste de la mouche a succombé :
Avec le talent qu’on lui connaît :
Quelques intrus se sont mêlés à la fête :
Et quand même ce pour quoi nous étions venus :
Pour la deuxième tentative, Coline et Benji se greffent à nous. Comme évoqué précédemment, elle demeure également pauvre en poissons mais très riches en péripéties, à la fois halieutiques (séjour durant lequel nous avons expérimenté les différentes façons de vendanger : décroché sur chandelle, raté au ferrage, hameçon ouvert, cassé…etc.) et annexes (sombres histoires de roues crevées, tympan perforé, portable noyé/broyé et j’en passe). On a quand même réussi à mettre au sec quelques poissons, au toc :
Ou à la mouche quand le moment s’est fait sentir :
Certains plus ou moins désirés :
Une approche totalement nouvelle, dépaysante et très plaisante… vivement la prochaine !
Un dernier week- end Cévennol de pêche de la truite au toc
Aux antipodes de ces milieux riches, le dernier week-end de pêche de mai a été marqué par un retour en terre cévenole. Histoire de profiter d’un court créneau de débit favorable avant l’installation des grosses chaleurs :
En cette après midi, l’eau est à 13°C, le temps est orageux et les poissons sont dehors. La pêche est plutôt facile (à défaut d’être passionnante). Les truites mordent avec bravoure sur les coups marqués. Elles nous autorisent un pêche détendue, méninges au repos, ce qui, de temps à autre, est somme toute assez agréable :
Un montage tout aussi simple, 4 plombs de 7 et un petit terreau esché sur un hameçon Gamakatsu 1040R n°12
De retour dans les Hautes Alpes, la meilleure période de l’année pour le toc a débuté. La fin de la fonte… récits à suivre prochainement !
A bientôt !
Simon SCODAVOLPE
Le mois de mars est enfin achevé… oubliées les crues et les niveaux d’eau très hauts, qui dans l’ensemble, terniront ces quinze premiers jours d’ouverture au Pays Basque. Après quelques sorties et guidages au toc en petites rivières et ruisseaux, ce début d’avril fût l’occasion d’un premier guidage Truite au leurre avec Laurent. Formé à l’école des carnassiers, il est l’exemple parfait du pêcheur tout d’abord envoûté par les eaux vives, et ensuite désarçonné à l’issue de ses premières sorties.
Une truite emprisonnée dans les mains de Laurent, mais relâche obligatoire bien sûr.
Suivez nos pas dans la rivière, je vous-y guide, voici les tout premiers conseils donnés à Laurent…
Un premier choix essentiel, celui du lieu d’apprentissage pour la truite au leurre.
Donc Laurent, tente d’éviter :
- Le charmant ruisseau bordé de part et d’autre de végétation: bucolique certes, mais patience, tu ne maîtrise pas encore la précision du lancer nécessaire.
- La grande rivière : attirante par ses promesses de gros poissons et la facilité apparente d’y lancer. Un peu de patience avant de te familiariser avec la lecture des postes et des courants.
Nous partons donc aujourd’hui le long de plusieurs parcours de la Nive des Aldudes, une rivière large de 4 à 6 m en moyenne, offrant une grande diversité de configurations et bordée tantôt de champs, de plages de galets ou de végétation.
Sa canne pointée vers le bas, Laurent s’applique à faire évoluer son leurre au ras du fond de galets. Au plus près de la tenue des poissons ce jour-là.
Deux premiers « accessoires » indispensables :
Un waders : même si tu choisis une rivière de taille modeste ne pars pas en bottes ou en cuissardes. A première vue, les waders ne semblent pas indispensables et pourtant
Par exemple :
- Bien pratique pour changer de berge, quand un obstacle infranchissable du bord (végétation dense, barbelés) te priveras soudain, un jour ou l’autre, de gagner LE poste immanquable.
- Et surtout, pour aller décrocher tes leurres !!, c’est bizarre… il manque toujours 5 cm aux cuissardes pour atteindre la branche d’en face !
- Des lunettes polarisantes : ok, je le répète souvent (elles évitent les reflets de la surface et permettent de mieux apprécier la profondeur). De plus dans le cas présent: elles protégeront tes yeux du retour violent d’une cuiller ou d’un leurre. Le jour où tu verras l’un deux te revenant dessus comme une balle, après un décrochage dans les branches… tu me comprendras.
Un ensemble « passe-partout », parfait pour notre rivière :
- Un lancer de taille « moyenne » La Trout Hunter PN (1m65) ou La Tectra PN (1,80m) canne basse tu pêcheras bien « creux », au raz du fond, sous le courant de surface, et canne haute tu contrôleras efficacement ton leurre en lui faisant déjouer les obstacles. Une puissance de 2-8 gr te laissant la possibilité de varier les grammages à volonté en fonction de la profondeur et du courant.
Un moulinet 1000 à 2000, Starter FD ou Avenger FD par exemple
Tresse ou nylon pour la truite au leurre ?!
Les deux sont possibles. Pour les pêches de la truite au leurre, je reviens de plus en plus au nylon. Je le choisis pour son élasticité amortissant des coups de têtes saccadés et frénétiques et après avoir utilisé de la tresse (non-extensible) de façon trop systématique. Dans les deux cas, j’apprécie un fil qui se détache bien du décor ambiant. Tresse blanche ou fil fluo par exemple. Tu contrôleras plus efficacement, surtout au début, les passages au ras des postes. J’y rajoute ensuite 1m50 de nylon translucide.
- Le nylon. Je le privilégie en ruisseau ou rivière moyenne : un nylon de 14% à 20% (en fonction de la saison, du rapport débit-profondeur de la rivière et donc du poids la taille des leurres). Tu décrocheras bien moins de poissons ! Une truite entre 18 et 28cm env. gesticule comme une folle et te régalera de chandelles hors de l’eau : au minimum une décroche sur deux en général. Avec une tresse et une canne trop raide : le ratio de poissons perdus grimpe très vite.
- La tresse. Je la privilégie en grande rivière à la recherche de beaux poissons : le confort de glisse et la précision en longue distance est incomparable, en 8% par exemple. Les truites recherchées dans ce cas dépassent les 30 cm, plus lourdes, elles gesticulent moins… et se décrochent donc plus rarement. Ne « finasse » pas trop, Un nylon de 24% à 28% en bas de ligne ne bridera généralement pas des leurres parfois XL de 6 à 12gr env. et permettra de les décrocher plus souvent lorsqu’ils se révèlent inaccessibles.
Une petite friandise maison (Phoxy Minnow de Sakura). Je ne résiste pas parfois à donner une touche de vie supplémentaire (souplesse) à mes leurres (durs !).
Le bilan de cette après-midi printanière, des moments d’activité courts mais marqués. 8 poissons touchés, dont 4 décrochés et 3 truites, bref de l’action !… l’essentiel.
Rendez-vous pour de nouveaux conseils sur ce sujet lors de prochains articles. Le temps de fréquenter de plus larges rivières et de croiser (peut-être) quelques jolies panthères….
Votre guide du jour… vous présentant un poisson de Laurent. Pas de monstres recherchés ce jour-là, mais après des conditions bien délicates, cette truite récompense la ténacité du stagiaire!
Guillaume Chavanne
www.guide-bask-peche.com
Une saison de pêche de la truite comporte plusieurs moments clés, des périodes fastes où le fonctionnement de la Nature décuple l’appétence des poissons.
Sur les cours d’eau de montagne que je fréquente, je citerais:
- le mois de mars (avec ses éclosions d’éphémères qui éveillent l’attention de truites braves post-ouverture et le confinement des poissons à certaines zones stéréotypées qui favorise leur localisation en eaux rapides),
- la fin de la fonte des neiges (moment où les phases d’alimentation sont encore longues)
- et le mois de septembre (où un refroidissement de l’eau diminue souvent la sélectivité des truites dans les eaux maigres).
De son côté, le mois d’avril fait figure d’épouvantail lorsqu’on pratique en montagne. L’arrivée des premiers jours chauds de l’année, lorsque l’isotherme 0 dépasse la barre des 3000m, est souvent plus appréciée par les cueilleurs de morilles et les dépressifs saisonniers que par les aficionados de la truite. Le pêcheur, prosaïque personnage, voit surtout en ces prévisions météo l’arrivée des eaux grises. Donc la nécessité de monter haut en altitude pour retrouver une teinte à peu près correcte (nous y reviendrons bientôt).L’alternance de périodes froides/chaudes/humides conduit à des niveaux fluctuant, avec plus ou moins d’inertie selon le type de bassin versant.
Ainsi, le mois d’avril 2015 n’a pas échappé à la règle, et nous a proposé tout ce qui existe en termes de conditions hydrologiques entre les deux extrêmes : eaux basses et claires/eaux fortes et turbides. La qualité de pêche a suivi ces fluctuations et la période a apporté son lot de plans franchement foireux, de longs trajets en voiture, de créneaux favorables courts et de moments d’euphories succédant à des torpeurs impénétrables, sans qu’il soit toujours possible de palper la raison de ces changements de rythme.
Comment s’adapter pour la pêche de la truite en montagne en avril?
Pour s’adapter convenablement, deux solutions principales existent :
- la première, sans doute la plus efficace mais la plus coûteuse (à la fois en temps et en énergie fossile lorsqu’on vit perché à 1300m d’altitude) : descendre vers le piémont pour rechercher des cours d’eau de régime pluvial qui démarre leur période faste.
- La deuxième : s’adapter en montagne en profitant des rares créneaux favorables.
Durant la majeure partie du mois, la deuxième option a été plébiscitée et la pêche s’est réalisée sur les affluents à peu près en place. En réalité, je devrais plutôt dire sur un tronçon court-circuité d’un affluent (sans doute le seul bénéfice que nous pouvons tirer du bétonnage organisé qui massacre nos cours d’eau de montagne, sous l’autel de ce que certains osent qualifier d’ « énergie verte »).
Sur le grand cours d’eau, le temps de pêche s’est réduit à une poignée d’heures : n’étant pas transcendé par la technique « toc au ver en eau marron » (bien que ne doutant pas de son efficacité), les visites auront été rares, à l’occasion de coup de froid bloquant la fonte. Les poissons ont certainement profité de conditions de turbidité plus favorables pour s’alimenter et les résultats ont été corrects. Les March Brown étant toujours de la partie, le créneau de milieu de journée en nymphe a rapporté son lot de truites :
Dès la dernière semaine du mois, une hausse croissante des niveaux a anéanti les chances de réussite sur ces coins de proximité. Aussi le passage en mai fut l’occasion de quitter les Hautes-Alpes pour rendre visite aux régions voisines ! A suivre.
A bientôt
Simon SCODAVOLPE
Le site garbolino.fr vous présente depuis plusieurs mois un contenu riche en informations, et en partage de la part de passionnés des différentes techniques. Nous avons voulu pour commencer cette série de portraits vous présenter Simon Scodavolpe que nous suivons très régulièrement dans les colonnes de notre site.
Laissons la parole à Simon afin qu’il nous parle de son histoire, de son parcours et de sa passion. Nous en profitons pour le remercier pour le partage, et la sincérité de sa passion, que l’on ressent dans tous ses récits.
Peux- tu nous expliquer comment est née ta passion pour la pêche?
Simon Scodavolpe: je n’avais aucune prédisposition à devenir pêcheur. Ma première rencontre avec une canne fut assez fortuite et s’est produite au détour d’un ruisseau à vairon de mon Gers natal. D’abord assez circonspect face au réel intérêt de cette activité, c’est avant tout une histoire d’amitié, avec mon camarade d’enfance Alexandre, qui m’a entraîné au bord de l’eau dans un premier temps.
Petit-à-petit, une expérience en appelant une autre, j’ai commencé à pêcher plus régulièrement de mon propre fait. Il faut dire que ma taille élancée me poussait d’avantage à manier des cuillères qu’à en recevoir sur un terrain de rugby (sport national de mon département et occupation principale de mes semblables). Un voisin plus âgé provoqua ensuite la rencontre avec le poisson qui me fit totalement basculer : la truite fario.
D’abord attiré par la perspective d’évasion (à l’âge de 10 ans, faire 100 km pour “aller pêcher” donne une toute autre dimension à la chose), je découvrais le territoire pyrénéen avec un regard contemplatif et accordais autant d’importance aux cadres de mes sorties qu’au résultat en lui même.
Deux maîtres en VHS
Comme toute passion naissante s’accompagne d’une soif d’apprentissage, je lisais “Pêche pratique” et visionnais en boucle des vhs sur les pêches de la truite. Rapidement, je m’identifiais à certains pêcheurs de renoms et mes deux maîtres devinrent Olivier Plasseraud et Alphonse Arias (j’avoue me souvenir quasiment par cœur des répliques de leurs films de l’époque), à la fois pour leur charisme, mais sans doute aussi parce que leur accent chantant et les coins qu’ils fréquentaient m’étaient familiers. Ces deux pêcheurs sont sans doute ceux qui m’ont le plus influencé à ce jour, d’autant plus qu’ils sont devenus des amis.
Toujours sous l’impulsion d’Alexandre, je découvrais à l’âge de 12 ans l’univers grandiose des lacs d’altitude. Je me souviens encore d’un article consacré au cristivomer lu en 1997 dans un numéro de la “Pêche et son environnement” qui m’avait alors totalement fasciné. A 15 ans, nous randonnions et bivouaquions sans autorité parentale, le flegme et le mètre quatre vingt dix de mon camarade avaient sans doute été jugés suffisamment protecteurs pour nous laisser évoluer seuls en haute montagne. Nous pêchions uniquement au vairon manié, avalant les kilomètres de berges à saute mouton et grillions des truites pour le repas du soir.
Les randos pêche ont dès lors occupé tous mes étés avec une assiduité croissante dès l’acquisition du permis de conduire (cette passion m’a conduit à co-écrire un livre sur la pêche en lacs de montagne en 2011 intitulé le « Guide randos-pêche en lacs de montagne »).
Simon est un véritable touche à tout de la pêche des salmonidés de la truite en Eaux Vives aux lacs de montagne
Et ton goût pour le partage ?
Simon Scodavolpe: en 2006, mettant à profit mon temps libre d’étudiant, je provoquais la rencontre avec Olivier Plasseraud et débutais la rédaction d’articles pour la revue Salmo.
Au contact des autres collaborateurs, je saisis vraiment la portée de la pêche de la truite en eaux vives et en retirais ce qui est devenu mon leitmotiv : la logique du bon moment, au bon endroit, avec la bonne technique.
Naturellement, pour y parvenir, j’ai toujours méprisé les clichés affublant certains modes de pêche et le snobisme halieutique qui caractérise certains pratiquants.
Pêche au Toc, Vairon, Mouche, … Simon ne s’interdit aucune technique de prospection pour la traque de son poisson favori
La pêche comment la vis- tu au quotidien?
Simon Socdavolpe: prétendre aujourd’hui que la pêche de la truite me passionne est sans aucun doute un euphémisme, tant elle a conditionné (et conditionne encore!) tous mes choix de vie.
De mes études à mon atterrissage professionnel (suite à une nécessité de quitter les Pyrénées à contre cœur il y 3 ans), tout a été pensé et réfléchi dans un seul but : pouvoir passer un maximum de temps à courir les berges de première catégorie.
Passer un maximum de temps au bord l’eau
Je suis accaparé par les salmonidés et leurs milieux, au point de passer parfois pour un associable. Je vis pêche, de mes lectures (depuis la révélation qu’a constituée le courant Nature Writting par le biais de son fantastique auteur John Gierach) jusqu’au contenu de mon assiette (oui je mange des truites !). Profondément attaché aux valeurs traditionnelles, je reste perplexe face à la déferlante technologique récente, regrettant un peu de voir des jeunes générations plus attirées par le côté bling-bling des carnassiers aux leurres, que par les plaisirs simples et profonds inhérents aux salmonidés.
Aujourd’hui catapulté dans les Hautes-Alpes, je pêche essentiellement les rivières de Provence (des Cévennes où réside une partie de ma famille aux contreforts des Alpes du Sud) et je me délecte de découvrir ces nouveaux territoires. Pour combler le mal du pays, je profite des visites familiales pour retourner pêcher dans les Pyrénées, et notamment les lacs de montagne dont la beauté reste inégalée à mes yeux.
Depuis quelques mois, j’ai la chance de faire partie de l’équipe GARBOLINO. Cette marque reste associée à la truite depuis ma plus tendre enfance. Epoque où elle commercialisait le moulinet à talon pyrénéen Corsec. Elle reflète au mieux la diversité qui caractérise la pêche de ce poisson en France; à travers la variété de l’équipement mis à disposition des pêcheurs. En effet, sa philosophie correspond finalement assez bien à ma conception de la pêche. La sortie en 2015 d’une nouvelle version de la célèbre canne Pyrénéenne est la parfaite illustration. Attachée aux traditions sans se montrer réfractaire à l’évolution !
A bientôt sur Garbolino.fr !
Pêche de la truite à la mouche avant le fonte des neiges. Les conditions hydrologiques ne changent pas vraiment début avril. Suite à un déficit de précipitations hivernales, le manteau neigeux se situe relativement haut (vers 1700/1800m en versant nord), ce qui a pour effet de minimiser les conséquences des fluctuations thermiques classiques des premiers jours de printemps.
Les eaux du bassin versant restent par conséquent agréables à fréquenter, c’est à dire basse et claire, tout au long de la journée. Le programme initié à l’ouverture (pêche en nymphe/milieu de journée/grands cours d’eau) continue de rapporter son lot de truites, il est donc poursuivi en l’absence de nouvelle donne.
Pêche de la truite à la mouche avant la fonte
Ayant remarqué quelques poissons attablés de façon disparate dès le milieu de matinée, nous prenons le parti de prospecter les secteurs resserrés à blocs à ce moment de la journée (où la configuration marquée facilite leur repérage), de façon à réserver les bordures propices pour ce moment phare de chaque journée : l’éclosion d’éphémères de March Brown et Baetis en début d’après midi.
Quelques poissons capturés en fin de matinée :
Chaque jour, l’horaire de l’éclosion se calque rigoureusement sur le début de l’inflation thermique du milieu de journée, elle-même directement corrélée à la température de l’air de la nuit précédente. Ainsi, selon la couverture nuageuse et l’ampleur de la gelée nocturne, les insectes percent quotidiennement la surface entre 13 et 15h (voire un peu plus tard après certaines nuits étoilées).
Malgré la présence de tapis de subimagos certains après-midi, les truites rechignent toujours à les prélever et le stade de nymphe garde leurs faveurs.
Des poissons opportunistes
Bien que les insectes soient très spécifiques à cette période, les poissons restent suffisamment opportunistes pour ne pas faire la fine bouche face à des modèles de nymphe génériques de type “pheasant tail”.
Les résultats sont très réguliers d’une sortie à l’autre : une majorité de poissons de taille honorable (pour le secteur, cela signifie une trentaine de centimètres), avec quelques individus de calibre supérieur, et chaque jour un poisson approchant ou dépassant la cinquantaine de cm capturé en plein cœur de l’éclosion.
A l’heure actuelle, les eaux sont devenues hautes et teintées suite à un réchauffement de plus en plus marqué. Nous revoyons la stratégie… et nos cannes à toc ont repris du service… avec plus ou moins de succès, mais un plaisir intact… à suivre !
A bientôt
Simon SCODAVOLPE
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