Avril : clopin-clopant en cours d’eau de montagne
Une saison de pêche de la truite comporte plusieurs moments clés, des périodes fastes où le fonctionnement de la Nature décuple l’appétence des poissons.
Sur les cours d’eau de montagne que je fréquente, je citerais:
- le mois de mars (avec ses éclosions d’éphémères qui éveillent l’attention de truites braves post-ouverture et le confinement des poissons à certaines zones stéréotypées qui favorise leur localisation en eaux rapides),
- la fin de la fonte des neiges (moment où les phases d’alimentation sont encore longues)
- et le mois de septembre (où un refroidissement de l’eau diminue souvent la sélectivité des truites dans les eaux maigres).
De son côté, le mois d’avril fait figure d’épouvantail lorsqu’on pratique en montagne. L’arrivée des premiers jours chauds de l’année, lorsque l’isotherme 0 dépasse la barre des 3000m, est souvent plus appréciée par les cueilleurs de morilles et les dépressifs saisonniers que par les aficionados de la truite. Le pêcheur, prosaïque personnage, voit surtout en ces prévisions météo l’arrivée des eaux grises. Donc la nécessité de monter haut en altitude pour retrouver une teinte à peu près correcte (nous y reviendrons bientôt).L’alternance de périodes froides/chaudes/humides conduit à des niveaux fluctuant, avec plus ou moins d’inertie selon le type de bassin versant.
Ainsi, le mois d’avril 2015 n’a pas échappé à la règle, et nous a proposé tout ce qui existe en termes de conditions hydrologiques entre les deux extrêmes : eaux basses et claires/eaux fortes et turbides. La qualité de pêche a suivi ces fluctuations et la période a apporté son lot de plans franchement foireux, de longs trajets en voiture, de créneaux favorables courts et de moments d’euphories succédant à des torpeurs impénétrables, sans qu’il soit toujours possible de palper la raison de ces changements de rythme.
Comment s’adapter pour la pêche de la truite en montagne en avril?
Pour s’adapter convenablement, deux solutions principales existent :
- la première, sans doute la plus efficace mais la plus coûteuse (à la fois en temps et en énergie fossile lorsqu’on vit perché à 1300m d’altitude) : descendre vers le piémont pour rechercher des cours d’eau de régime pluvial qui démarre leur période faste.
- La deuxième : s’adapter en montagne en profitant des rares créneaux favorables.
Durant la majeure partie du mois, la deuxième option a été plébiscitée et la pêche s’est réalisée sur les affluents à peu près en place. En réalité, je devrais plutôt dire sur un tronçon court-circuité d’un affluent (sans doute le seul bénéfice que nous pouvons tirer du bétonnage organisé qui massacre nos cours d’eau de montagne, sous l’autel de ce que certains osent qualifier d’ « énergie verte »).
Sur le grand cours d’eau, le temps de pêche s’est réduit à une poignée d’heures : n’étant pas transcendé par la technique « toc au ver en eau marron » (bien que ne doutant pas de son efficacité), les visites auront été rares, à l’occasion de coup de froid bloquant la fonte. Les poissons ont certainement profité de conditions de turbidité plus favorables pour s’alimenter et les résultats ont été corrects. Les March Brown étant toujours de la partie, le créneau de milieu de journée en nymphe a rapporté son lot de truites :
Dès la dernière semaine du mois, une hausse croissante des niveaux a anéanti les chances de réussite sur ces coins de proximité. Aussi le passage en mai fut l’occasion de quitter les Hautes-Alpes pour rendre visite aux régions voisines ! A suivre.
A bientôt