Interview de Sébastien Kiehl médaille d’argent avec l’équipe de France feeder au championnat du monde.
Lionel Shaeffer nous propose l’interview de son partenaire de club Sébastien Kiehl, vice-champion du monde de pêche au feeder en Juillet dernier à Terneuzen aux Pays Bas.
Lionel : En quelques mots peux- tu te présenter ?
Sébastien Kiehl, 30 ans. J’ai démarré la pêche de compétition vers l’âge de dix ans, à la canne. Je pratique également la pêche de la carpe à la grande canne, le feeder en compétition depuis 2011. En 2012 j’ai été vice- champion de France de pêche à la plombée. J’ai très vite été attiré par la technique et la diversité de cette pêche qui offre une multitude de possibilités et permet d’aborder la quasi- totalité des canaux, rivières, fleuves et lacs.
Cela a vite été un déclic pour moi, le feeder est pour moi une quatrième dimension de la pêche.
J’ai fait mes premiers pas en équipe nationale en 2013 en participant à un match de sélection à Anzeme dans la Creuse, à ce moment- là ce n’était qu’un rêve, que je touchais du bout des doigts. Puis il y a eu la sélection pour le mondial 2014 en Irlande à Inniscarra et 2015 à Terneuzen au Pays Bas où nous avons décroché une médaille d’argent sachant qu’un demi point nous sépare de l’or.
Comment t’es- tu préparé pour cette épreuve majeure ?
Une telle épreuve se prépare en deux temps. Il est nécessaire de collecter le plus grand nombre d’informations, de les analyser et retenir l’essentiel pour préparer au mieux son départ. Sur site il s’agit d’appliquer, de mettre en place des stratégies de pêche, de les tester, comparer, affiner.
Avec le Team Garbolino Osthouse je suis allé participer au V.D.E. Matrix Feeder Challenge qui se déroulait sur le parcours, un mois avant le mondial. Cette participation nous a permis de “dégrossir” la pêche. Ce sont des conditions bien spécifiques; le canal est immense et très proche de la mer avec un trafic fluvial important, il est soumis aux marées et l’eau y est partiellement saumâtre. La densité de poissons y est faible et les eaux sont claires. Autant de facteurs énonciateurs d’une pêche difficile.
Au cours des entraînements avant le mondial, la pêche s’est durcie encore d’avantage. Prendre une brème en cinq heures était un véritable Challenge. Nous avons encore dû:
- Affiner les montages
- Confirmer les distances de pêche et la technique d’amorçage
- Déterminer le type de farines à utiliser.
Qu’avez- vous décidé comme tactique pour les jours d’épreuves ?
Nous avons opté pour un bac très pauvre avec l’utilisation de terre de somme et terre de rivière avec très peu d’amorce. Des feeders fermés permettaient de faire des bouchons de terre et d’amorce. Nous avons utilisé très peu d’esches, les poissons étant peu nombreux. L’essentiel de notre pêche s’est située entre 40 et 45 mètre en bas de la cassure, avec environ 14 m de fond. Nous utilisions des bas de ligne fins et de petites bouchées.
Quels matériels as- tu utilisés ?
J’ai essentiellement utilisé des cannes de 13″ tectra et G system scion fin 1oz, des cages en plastique fermée. De la tresse de 7/°° sur mes bobines. Les touches étaient bien souvent très délicates il fallait disposer d’un matériel de qualité. Il était essentiel de prendre tous les poissons, la gagne de secteur se situait bien souvent vers 2000 Pts.
Comment ce sont passés les jours de compétitions ?
Il fallait avoir un mental d’acier, persévérer et rester confiant dans la stratégie mise en place, fruit d’un beau travail d’équipe et de préparation en amont, car ces conditions sont la clé du succès. Un coaching de qualité permet de gagner en confiance. A la fin de la première manche nous étions 3ème avec 14 points et à égalité de points avec la Hongrie et l’Angleterre. Le plus dur restait à faire, il fallait confirmer.
Quelles ont été tes premières sensations quand tu as connu votre résultat ?
La joie d’être sur le podium envahi vite les corps et les esprits c’est une belle finalité avec un petit pincement au cœur d’être passé si près de l’or. Cela s’est joué dans les cinq dernières minutes. Mais c’est une belle performance.
Qu’est ce qui va (peut être) changé dans ta vie de pêcheur. Qu’elles sont tes prochains objectifs ?
J’espère pouvoir poursuivre cette réussite, encore progresser, maintenir ma sélection en équipe pour la Serbie en 2015 et confirmer notre progression pour espérer chercher un nouveau titre l’année prochaine.
Photos : Vincent Hurtes